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3 c h a p i t r e Justice sociale et équité Les promesses de l’orthodoxie des soins de santé primaires Dans ce chapitre, nous proposons au lecteur d’examiner ce qui a donné à ­l’orthodoxie des SSP son capital de sympathie. Force est d’admettre qu’aujourd’hui, en vertu de ses promesses de justice, plus personne n’ose remettre en question la nécessité de la généralisation des SSP. Mais au-delà de son effet de séduction, à quoi renvoie réellement l’idéal de justice dont l’OMS enrobe ses actions et ses politiques de Santé pour tous? C’est essentiellement la portée de cette promesse que nous analysons ici. Le slogan Santé pour tous résume à merveille toutes les­ promesses de l’orthodoxie des soins de santé primaires. Dans le giron de l’OMS, comme nous l’avons vu, ce fut d’abord la santé pour tous à l’an 2000, ensuite la santé pour tous au xxie siècle. Qu’on ne s’y méprenne pas, le slogan auquel l’organisation a recours n’insinue pas qu’à un moment donné, en l’an 2000 ou au xxie siècle, 80 Les soins de santé primaires les médecins et le personnel infirmier finiront par apporter à tous les habitants de la terre les solutions médicales à tous leurs maux, ni qu’il n’y aura plus de malades ni d’handicapés. Avant 1998, l’ensemble des orientations privilégiées par la Stratégie mondiale de la santé pour tous d’ici l’an 2000 rejoignait directement la mission de l’OMS en ce qu’elle stipule que tout individu a le droit d’avoir accès aux soins de santé primaires, et par leur intermédiaire, à tous les échelons d’un système de santé complet.«[…] au minimum, tous les habitants de tous les pays du monde devraient accéder au moins à un niveau de santé tel qu’ils soient capables de travailler de façon productive et de participer activement à la vie sociale de la collectivité dont ils font partie» (OMS, 1981a, p. 13). «La santé pour tous d’ici l’an 2000» s’avéra finalement bien plus qu’une simple stratégie sanitaire; elle prétendait être une réponse à l’exclusion dans le monde. Après 1998, la «Santé pour tous au xxie siècle» vient ­continuer la mission inachevée de la «Santé pour tous d’ici l’an 2000». Elle réactualise l’idée de la santé pour tous et reprend ses indicateurs«en élaborant [cette fois] une nouvelle politique sanitaire mondiale holistique, fondée sur les principes d’équité et de solidarité, en insistant sur la responsabilité de l’individu, de la famille et de la communaut é dans le domaine de la santé et en replaçant la santé dans le cadre du développement en général» (OMS, 1998c, A51/3, p. 2). Stratégiquement, elle entend à la fois combattre la pauvreté, promouvoir la santé dans tous les contextes, harmoniser les politiques sectorielles en faveur de la santé et insérer la santé dans la planification du développement durable. a) Combattre la pauvreté L’OMS est convaincue de ceci: «Le système de santé a un rôle vital à jouer pour repérer les ménages et les régions pauvres, en mettant l’accent sur les problèmes qui touchent avant tout les pauvres» (OMS, 1998, EB101/8, p. 34). Pour que les groupes et les communaut és les plus pauvres puissent briser le cercle vicieux de la pauvreté et de la maladie, il est impérieux, argue-t-elle, d’accélérer le développement humain et la croissance économique. Cette croissance a [3.145.191.214] Project MUSE (2024-04-26 07:10 GMT) Justice sociale et équité 81 besoin d’un appui international important et durable, de plans de développement intégrés prévoyant la réduction de la dette et la­ fourniture de prêts. La santé des populations à long terme dépend d’une multi­plicité de facteurs, et notamment le maintien de la paix, une croissance économique équitable, l’autonomisation des femmes, les moyens pour les gens de gagner durablement leur vie et une amélioration de l’éducation. Pour tous les pays, des politiques économiques éthiques qui s’attachent à promouvoir l’équité sont indispensables à une croissance économique et un développement humain durables (OMS, 1998a, EB101...

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