In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

2 c h a p i t r e La mise en œuvre de l’orthodoxie Les acteurs, leurs actions, leur bilan 2.1. Les acteurs de cette nouvelle orthodoxie Dans la présente section, nous montrons que la formulation des politiques internationales de santé n’est pas la chasse gardée de l’Organisation mondiale de la santé. Outre cette dernière, nombre d’acteurs sociaux et institutionnels, de nature et d’horizon divers, jouent en effet un rôle crucial dans la définition et la mise en œuvre des SSP comme orthodoxie en matière de santé publique internationale . Ce sont eux qui produisent le discours idéologique légitimant ses modes opératoires, qui construisent les cadres institutionnels et structurels de son implantation locale, qui en servent de lieux, de bras, de leviers ou d’instruments. Tantôt ils la façonnent et la régulent , tantôt ils la financent, tantôt ils en évaluent les résultats. On trouve ces acteurs autant à l’échelle nationale qu’à l’échelle internationale . Certains font partie du Groupe des Nations unies en tant qu’agences spécialisées, d’autres sont des structures subsidiaires de 30 Les soins de santé primaires ces agences ou des ONG, d’autres encore viennent du secteur privé, des industries des soins ou de la santé, des centres de recherche, des institutions religieuses, etc. La quantité d’organisations et d’acteurs intervenant, à l’échelle internationale, dans le domaine de la santé, directement ou indirectement , est si importante que nous ne saurions les dénombrer toutes ici. Voici cependant quelques agences, fonds et programmes spécialis és des Nations unies engagés dans des activités ou travaillant directement sur des questions liées à la santé: le PNUD pour les questions de lutte à la pauvreté, le FNUAP pour les questions de population, le United Nations Environmental Program (UNEP) pour les questions de santé environnementale, le World Food Program (WFP) pour les questions de pauvreté et de famine, le United Nations High Commissionner for Refugees (UNHCR) pour les questions humanitaires, le United Nations Development Fund for Women (UNIFEM) pour l’égalité des sexes, le United Nations International Drug Control Program (UNDCP) pour les questions pharmaceu­ tiques, l’UNICEF pour les femmes et les enfants et bien sûr l’OMS pour les questions liées à la santé. À côté de ces structures, d’autres entités internationales, comme le United Nations Research Institue for Social Development (UNRISD), les institutions commerciales et financières internationales (FMI, BM, OMC), des institutions intergouvernementales (les banques régionales de développement, l’Organisation pour la coopération et le développement économique [OCDE], l’Union européenne), les agences de coopération et de développement international , l’Association internationale des industries pharmaceu­ tiques et la communauté scientifique interviennent plus ou moins directement dans le champ de la santé. Enfin, les ONG, nationales ou internationales, publiques ou privées, sont aussi des acteurs essentiels sur le plan de la santé, surtout dans les pays du Sud. Leur rôle a évolué avec le temps. Il est passé de celui de courroie de transmission des organismes multilat éraux à celui de critique des solutions occidentales non équitables de gestion des crises humanitaires et sociosanitaires dans le monde (Hours, 2003). Hours croit cependant qu’en dépit de leur prise de [3.146.221.52] Project MUSE (2024-04-20 00:13 GMT) La mise en œuvre de l’orthodoxie 31 conscience, les ONG continuent, par nécessité financière, technique et géopolitique, de diffuser les normes occidentales en matière de santé et de démocratie. Il écrit: Parce qu’elles collaborent avec les technocraties multilatérales qui les financent, ces ONG se doivent d’être prudentes mais, par là même, elles disposent d’une crédibilité, d’une capacité de pression sur les bureaucraties multilatérales qui sont largement inaptes à analyser les situations locales et donc à maîtriser les effets de leurs politiques qui sont des arbitrages financiers sans dessein (Hours, 2003, p. 44). De cette liste non exhaustive des acteurs de la santé mondiale, trois feront ici l’objet d’une attention spéciale, car ils nous apparaissent comme les trois plus gros joueurs internationaux en matière de santé. Il y a d’abord la Banque mondiale qui finance, entre autres, la plupart des programmes de santé dans les pays en voie de développement et qui de ce fait a le pouvoir d’orienter leurs...

Share