Le monde des AA: Alcooliques, gamblers, narcomanes

Chapitre 3 : La pratique des AA

C H A P I T R E 3 LA PRATIQUE DES AA 3.1. une «réunion type» des aa Si toutes les réunions ne sont pas identiques, elles demeurent en grande partie semblables. En bref, il y aurait selon Denzin (1993, p. 259) deux types de rencontre: ouverte et fermée. La première est ouverte à tout individu qui montre un intérêt général pour l’alcoolisme , tandis que la rencontre fermée s’adresse principalement à des individus qui s’identifient comme des personnes alcooliques et qui expriment le désir de s’arrêter de boire. Dans cette deuxième catégorie , les individus peuvent révéler leur nom de famille et se gardent le privilège de parler de sujets plus spécifiques selon leurs intérêts particuliers. En général, les rencontres ont lieu dans des sous-sols d’église ou des espaces loués ou fournis par divers organismes à but non lucratif. Le nombre des participants peut varier de 3 ou 4 à plusieurs dizaines de personnes, voire des centaines. Les rencontres durent en moyenne de 60 à 90 minutes, il y a toujours du café prêt à être servi et vous êtes accueilli souvent par de la fumée de cigarette. La secrétaire de la rencontre est assise avec le présentateur de la soirée et commence par la lecture du préambule des AA et la prière dite de la sérénité. Dans le cas de groupes restreints, on aura l’habitude de se présenter comme membre: Bonjour, mon nom est Jean et je suis alcoolique, bonjour Jean, mon nom est Maude et je suis alcoolique, 28 LE MONDE DES AA et ainsi de suite, le mot usuel étant alcoolique ou gambler, dépressif, narcomane, obèse, etc. Le ou la secrétaire demande à l’auditoire que les personnes ayant moins de 30 jours de sobriété puissent se présenter aux autres membres, s’il y a des personnes habitant l’ext érieur de la ville ou de la communauté en question, s’il y a des anniversaires de sobriété mensuels ou annuels à célébrer, etc. Une fois ces points couverts, le présentateur commence à parler de sa dépendance à l’alcool, de ses épisodes de dégradation, d’humiliation, de désespoir et de sa descente aux enfers, généralement en fumant. Il raconte comment dans le désespoir, il décide d’adhérer aux AA, de travailler sur ses doutes et graduellement de se conformer aux différentes étapes pour trouver enfin son pouvoir supérieur en Dieu (higher power). Finalement, il soutient qu’il doit sa vie aux AA et que celle-ci s’est transformée dans le bon sens, il s’assoit et les membres répondent par des applaudissements. Enfin, le ou la secrétaire déclare que la rencontre est maintenant ouverte aux discussions et aux échanges pour ensuite faire circuler un panier afin de ramasser les dons volontaires. Pour terminer, le ou la secrétaire invite généralement les membres à se lever, joindre les mains et à réciter la prière avant que quelqu’un ne déclare «On vous attend, revenez, ça marche et au prochain meeting.» À quelques détails près, les rencontres se terminent ainsi. En résumé, le déroulement d’une réunion des AA passe par le respect du rituel suivant: • présentation (je m’appelle X et je suis alcoolique, gambler, etc.); • référence à un sujet de la réunion (p. ex., un ressentiment); • brève discussion d’une expérience personnelle avec des ressentiments; • liens du sujet avec un texte ou une étape des AA (p. ex., 4e étape); • illustration de l’état du sujet ou de la façon dont tel ou tel aspect a été résolu dans la vie du membre qui témoigne; • expression de gratitude pour être resté sobre et un mot de conclusion. LA PRATIQUE DES AA 29 Chaque membre est censé se conformer à ce rituel afin de prévenir les débordements. Si le membre, par exemple, parle d’un sujet qui n’a pas de lien avec le contenu qu’il souhaitait exposer, il ne sera pas écouté, voire ignoré. Selon Mäkela et al. (1996, p. 140), il y aurait dix règles à respecter durant le témoignage...