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C H A P I T R E 1 HISTOIRE DES AA 1.1. Le passé écLaire Le présent Le premier mouvement d’entraide anonyme, soit les Alcooliques anonymes, s’est fortement inspiré de principes du Groupe d’Oxford (Oxford Group) qui était, à la fin des années 1930, un mouvement évangélique religieux populaire. Selon McGee (2000, p. 12) les racines les plus anciennes des AA remontent à la période de la tempérance dans les années 1800 avec le mouvement des Washingtonians . En fait, l’aventure américaine avec l’abstinence comme mode de vie s’inscrit dans la foulée des mouvements évangéliques religieux qui constituent encore une réponse aux problèmes sociaux pour des dizaines de millions d’Américains (Warner, 2008). En illustrant le cas du président Georges W. Bush, Warner montre explicitement comment ce président a cessé de boire en 1986, non pas seulement parce qu’il avait éprouvé des problèmes de surconsommation d’alcool en 1966 et en 1976, mais parce qu’il s’identifiait plus comme un évangélique chrétien et adhérait aux préceptes de ce mouvement. Ainsi, Bush a appliqué, durant sa présidence, l’abstinence dans la gestion de divers problèmes sociaux : abus de drogues et d’alcool, abstinence sexuelle des adolescentes, des fillesm ères et des populations aux prises avec un problème de sida, etc. Comme mouvement évangélique prônant des valeurs telles que la pureté sexuelle et la nouvelle virginité, ce type de discours, axé sur 6 LE MONDE DES AA l’abstinence, s’est transporté dans les mouvements missionnaires en Grande-Bretagne et en Afrique subsaharienne. Cela étant, on ne peut dire que la droite religieuse américaine détient le monopole de l’abstinence. Gandhi pratiquait également l’abstinence sexuelle comme principe révolutionnaire de même que la féministe radicale Andrea Dworkin défendait ce mode de vie, qui selon elle, servait à répudier le pouvoir qu’exerçaient les hommes sur les femmes. Selon Kelly (2003), c’est en 1840, dans la ville de Baltimore au Maryland que des activités visant à joindre les fraternités de sobriété ont pris place graduellement dans la plupart des espaces publics tels que les hôpitaux et les tavernes. Ce type de rassemblement sera, jusqu’à un certain point, le modèle précurseur des réunions des AA. En fait, le mouvement des Washingtonians commence à s’impliquer auprès des alcooliques en privilégiant les témoignages des personnes en public (Kelly, 2003 ; White, 1998). Riche de plus de 600 000 membres, et bien que ce mouvement ne soit pas exclusivement consacré à aider les alcooliques, il est ouvert à toute personne qui désirait arrêter de boire. Alors que son ascension comme mouvement sera très rapide, son déclin le sera également une vingtaine d’années plus tard. Selon Driberg (1964) et Bufe (1998, p. 14), l’histoire du mouvement des AA commence vraiment avec Frank Nathan Daniel Buchman, un pasteur luthérien né le 4 juin 1878 à Pennsburg en Pennsylvanie d’une riche famille conservatrice. À 24 ans, il devient officiellement pasteur luthérien et, dès 1905, il inaugure un hospice pour jeunes adultes. Plus tard, il entreprend une expérience de conversion en Angleterre pour occuper le poste de secrétaire du collège d’État du YMCA en Pennsylvanie. Fort de ces succès auprès de diverses communautés où il prêche la bible et les croisades évang éliques, il introduit la méditation et le temps de méditation (quiet time) où les participants passent du temps à lire la Bible, à prier et à écouter les paroles de Dieu. Alors que le mouvement s’appelle originalement Fraternité chrétienne du premier siècle (First Century Christian Fellowship), le mouvement d’Oxford est officiellement inauguré en 1908 par Buchman. En 1915, il démissionne [3.135.219.166] Project MUSE (2024-04-25 12:05 GMT) HISTOIRE DES AA 7 pour entreprendre un voyage en Orient et il se rend à Kuling, en Chine, et en 1918 il organise son premier rassemblement appelé«house party». La spécificité de ce mouvement est qu’il prêche l’évang élisme non pas dans les institutions religieuses ou les églises mêmes, mais il invite plutôt les personnes à la maison (house party) durant les fins de semaine pour des activités sociales à saveur évangélique. L’atmosphère informelle...

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