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C H A P I T R E 5 QUELQUES RÉSULTATS DE RECHERCHE SCIENTIFIQUE SUR LES AA Parmi les grands développements dans le domaine de l’alcoolisme, rappelons les trois facteurs qui eurent une influence considérable sur la validation du concept de maladie tel qu’adopté par les AA: les travaux du Centre de recherche de l’Université Yale; le développement du mouvement des Alcooliques anonymes et, enfin, l’élaboration du modèle de Jellinek, fondé sur le concept de maladie progressive (Suissa, 2007a, p. 41). Les sources scientifiques les plus connues dans le champ de la réhabilitation établissent que le mouvement des AA, l’une des approches les plus utilisées aux États-Unis, demeure celui qui est le moins évalué en termes de rigueur scientifique. Du point de vue de la recherche, c’est en 1946 que Jellinek termine et publie une vaste étude portant sur les membres des Alcooliques anonymes. Partant de questionnaires remplis par 1 600 alcooliques, il formule, six ans plus tard, le concept de «progression» de la maladie. Interprétant les témoignages de cette population, il traduit alors les diverses expériences du développement de la dépendance en catégories bien distinctes. Utilisant une terminologie médicale, il illustre les phases progressives de la maladie par un diagramme qui permet d’identifier quatre grands stades et quarante-trois comportements ou symptômes possibles qui décomposent le processus d’alcoolisation en séquences prévisibles s’échelonnant de « consommation occasionnelle » à«intoxication prolongée». 64 LE MONDE DES AA 1. Le stade préalcoolique: marqué par une augmentation de la consommation en vue de réduire la tension ou le stress, et par une tolérance croissante du corps à l’alcool. 2. Le stade prodormique: signe régulier avant-coureur de perte de conscience ou de «blackout». 3. Le stade de la phase cruciale: marqué par le début d’une perte de contrôle sur la consommation d’alcool, se traduisant en conséquences perturbatrices de la personnalité, dont une négligence nutritionnelle et une perte de la libido. 4. Le stade de la phase chronique: marqué par le début de périodes prolongées d’intoxication, de psychoses alcooliques, de baisse de la tolérance du corps et de consommation de type obsessif. Cette vision progressive de l’alcoolisme, sous forme graphique, eut un impact important au plan international, et constitua un outil de référence quasi universel. L’hypothèse de travail de Jellinek repose fondamentalement sur certaines anomalies biologiques et physiologiques qu’il se proposait d’explorer plus à fond, grâce à de nouvelles techniques pharmacologiques, physiopathologiques et biochimiques. Tentative impressionnante de systématisation d’un phénomène aussi complexe, la théorie de Jellinek n’est pas le résultat d’expérimentations et de méthodes scientifiques objectives, mais bien le fruit de ses propres expériences cliniques et d’études faites exclusivement sur les membres des Alcooliques anonymes. Pourtant, son hypothèse de travail fut, très rapidement, considérée comme un fait scientifique par le monde médical de l’époque. Cela étant, quelques recherches entre les années 1960 et 1980 sur alcooliques qui ont été condamnés par les tribunaux sont révélatrices de certaines informations qui peuvent être intéressantes. Parmi celles-ci, l’étude de Ditman à San Diego auprès d’une population d’alcooliques considérés chroniques (Ditman et al., 1967) et l’étude de Brandsma et al. (1980) où quatre formes d’intervention étaient appliquées soit: le programme des AA, une thérapie de comportement rationnel (similaire à Smart Recovery Program), la même [3.138.141.202] Project MUSE (2024-04-26 14:56 GMT) QUELQUES RÉSULTATS DE RECHERCHE SCIENTIFIQUE SUR LES AA 65 thérapie de comportement rationnel accompagnée d’un suivi professionnel personnalisé et, enfin, une thérapie individuelle d’inspiration plus freudienne. Pour Ditman et al. (1967), l’échantillon était composé de 301 alcooliques ayant fait l’objet d’au moins deux arrestations par la police durant les trois mois précédents ou trois arrestations durant l’année écoulée, ces contrevenants étaient assignés sur une base aléatoire à trois groupes différents. Un groupe de contrôle sans aucun traitement, suivre le programme des AA comme condition de probation ou un troisième groupe en traitement clinique non spécifique . Après un suivi d’un an, les...

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