Publier dans une revue savante: Les 10 règles du chercheur convaincant

Conclusion: Formation des chercheurs et des évaluateurs

CONCLUSION Formation des chercheurs et des évaluateurs Au début de cet ouvrage, je déplorais le peu d’intérêt des programmes d’études doctorales pour la manière d’élaborer un projet de recherche et, surtout, de rédiger un texte destiné à une revue savante. En proposant un ensemble de 10 règles à suivre pour être un chercheur convaincant, mon objectif fondamental était d’aider les chercheurs, en formation ou non, à participer à une conversation savante. J’espérais également que les règles proposées puissent servir à ceux qui sont mandatés pour évaluer ces textes produits par d’autres chercheurs. Je souhaite évidemment que ces objectifs aient été atteints. Et je serais heureux que d’autres livres ou articles soient publiés sur le sujet. Mais j’aimerais surtout voir se multiplier les activités de formation visant à mieux préparer les chercheurs et les évaluateurs au travail qui les attend. Bien sûr, les cours de méthodologie offerts dans différents programmes d’études ont leur utilité, en particulier pour tout ce qui concerne les aspects techniques d’une recherche, comme on l’a vu principalement dans la présentation des règles nos 3 et 4. Il en est de 104 Publier dans une revue savante même des cours visant à faire connaître et critiquer la littérature dans un domaine déterminé. Mais ces activités pédagogiques traditionnelles sont nettement insuffisantes pour former un chercheur convaincant. Il faut se centrer beaucoup plus directement sur les règles précises à suivre pour y arriver. Au départ, il doit certainement y avoir un travail de sensibilisation à l’importance de ces quelques règles, qu’il s’agisse ou non des 10 règles proposées ici. Mais il faut aller plus loin. Par exemple, les exercices contenus dans le livre de Huff (1999) sont susceptibles d’aider énormément le chercheur dans la préparation d’un projet de recherche et dans l’écriture rendant compte de sa réalisation. Ils couvrent ou recoupent de nombreuses règles décrites dans le présent ouvrage, mais certains portent sur des aspects que j’ai ignorés ou sur lesquels j’ai peu insisté. Très brièvement, en voici deux. D’abord, Huff invite le chercheur à bien «identifier les moments, les endroits et les conditions qui facilitent le travail d’écriture» (p. 23). Ce questionnement n’est pas anodin et y répondre demande de bien se connaître comme chercheur, ce qui est loin d’être évident, spécialement pour un étudiant de doctorat. Tous les chercheurs ne fonctionnent pas de la même manière et il n’est pas rare que certains découvrent avec l’expérience des moments, des endroits ou des conditions qui leur conviennent particulièrement bien, ou encore que ceux-ci changent au cours des années. Ensuite, Huff aborde longuement (p. 55-63) l’utilisation de textes modèles (exemplars), c’est-à-dire de textes représentant aux yeux du chercheur des exemples à imiter ou, du moins, dont il aurait avantage à s’inspirer fortement. Elle suggère de repérer dans la littérature quelques-uns de ces textes modèles et d’examiner attentivement comment leur auteur procède, notamment comment il structure la présentation de son travail et la longueur de chacune de ses sections. Pour Huff, il n’est absolument pas important que ces textes portent sur le même objet de recherche que celui du chercheur. Ce dernier les utilise comme des points de départ qui le guident, mais dont il ne doit pas hésiter à s’éloigner pour les besoins de sa propre recherche. Ces deux exercices, de même que tous les autres proposés par Huff (1999), montrent bien que le chercheur doit être aussi actif que possible dans ses apprentissages. Faire de tels exercices ou encore participer à des ateliers d’écriture ou à des séminaires doctoraux comme il en existe dans de nombreux congrès de sociétés savantes sont assu­ rément d’excellentes façons d’améliorer sa formation de ­ chercheur. Ces Conclusion – Formation des chercheurs et des évaluateurs 105 activités peuvent également prendre place à l’intérieur d’un programme de doctorat, peut-être même faire l’objet de tout un cours, mais de nature très pratique, cela va de soi. Par...