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r è g l e 8 Soigner la rédaction du texte et la préparation de la bibliographie. 78 Publier dans une revue savante La qualité de l’écriture d’un manuscrit soumis en vue d’une publication dans une revue savante exerce aujourd’hui une influence incontestable sur la recommandation de l’accepter ou non que feront les évaluateurs et la décision finale que prendra le rédacteur en chef de cette revue. Campbell (1995), qui fut rédacteur en chef et rédacteur associé du Journal of Applied Psychology pendant neuf ans, affirmait que l’incapacité de bien comprendre ce qu’un auteur essayait de dire était l’une des causes les plus fréquentes du rejet d’un manuscrit. Il écrivait que «la plus grande surprise (biggest shock) qu’il avait eue durant cette période fut de découvrir combien de personnes étaient incapables de décrire clairement et directement ce qu’elles avaient voulu faire, ce qu’elles avaient effectivement fait et ce qu’elles avaient finalement trouvé», ajoutant que «[…] les manuscrits rédigés avec clarté constituaient une minorité» (p. 272). Écrire dans un langage intelligible n’a pas toujours été considéré par tous les chercheurs comme une vertu, loin de là. Ainsi, dans une recherche réalisée il y a un certain temps et dont les résultats semblent plutôt déconcertants, Armstrong (1980) avait d’abord montré que plus une revue savante en gestion était difficile à lire (une variable mesurée à l’aide d’un test portant sur la longueur des phrases et le nombre de syllabes par 100 mots), plus les professeurs de l’échantillon retenu (n = 20) la considéraient comme prestigieuse. Puis, après avoir réécrit les conclusions de quatre articles en modifiant leur niveau de lisibilité mais sans changer leur contenu (par exemple, en enlevant les mots inutiles, en remplaçant les mots difficiles à comprendre et en faisant des phrases plus courtes), il constata ceci auprès d’un autre échantillon de professeurs (n = 32): plus les conclusions des articles étaient faciles à comprendre, moins les professeurs considéraient la recherche comme de haut niveau (competence of the research). En d’autres termes, en se fondant sur ces deux expériences, Armstrong concluait que les chercheurs étaient très impressionnés par des textes inintelligibles et qu’ils n’avaient pas tendance à valoriser la clarté. Les choses semblent avoir profondément changé depuis 1980. Mais il y a probablement encore quelques évaluateurs, surtout parmi ceux qui sont novices ou qui manquent de confiance en eux, qui ont tendance à s’incliner béatement devant ce qu’ils ne comprennent pas ou ce qui leur apparaît très complexe. William Starbuck (1999) et Daryl Bem (2003) figurent sûrement parmi ceux qui se sont le plus intéressés à ces aspects qu’on associe généralement à la forme d’un texte, mais qui ne sont pas sans lien avec sa substance. Je recommande la lecture de ces deux documents, [18.223.106.232] Project MUSE (2024-04-25 02:00 GMT) Règle 8 – Soigner la rédaction du texte et la préparation de la bibliographie 79 d’autant plus qu’ils sont disponibles sur le site Internet de ces auteurs. Leurs propos ont été une bonne source d’inspiration pour la préparation de ces quelques pages. Si l’on ne devait faire appel qu’à un seul mot pour caractériser un texte bien rédigé, ce serait certainement CLARTÉ. Rappelons-nous les paroles célèbres de Boileau: «Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement , et les mots pour le dire arrivent aisément.» Plus ­ récemment, Huff (1999) insistait sur l’existence d’une très forte relation de réciprocit é entre l’écriture et la pensée, l’une aidant à clarifier l’autre lors de la préparation d’un texte rendant compte d’une recherche. La plupart des questions qui suivent et que le chercheur est invité à se poser visent donc à évaluer la clarté de son texte. Les dernières questions portent sur le bon usage de la langue employée par le chercheur (orthographe, grammaire, ponctuation, etc.) et sur la préparation de la bibliographie. Le texte est-il rédigé dans un langage précis? Choisir les termes justes pour exprimer une idée aide à bien se faire comprendre. Idéalement, tous les lecteurs attentifs devraient être capables de saisir le sens que...

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