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4 Les responsabilités d’une communauté universitaire1 Ainsi qu’il est d’emblée affirmé par le comité de révision du rapport de la commission du MIT sur l’éducation au MIT, «les membres du Comité sont largement en accord avec le rapport à l’exception des éléments mentionnés dans les déclarations supplémentaires ci-jointes» . J’aimerais, dans cette déclaration supplémentaire, indiquer à quels égards je m’oppose à ce rapport, ainsi que les raisons de mon désaccord . La nature de ces désaccords fait en sorte qu’il m’est impossible de signer le rapport dans sa forme actuelle . Bien que je que convienne généralement des recommandations à court terme du Comité, j’ai certaines réserves concernant le cadre général de suppositions menant à de telles conclusions . Je tenterai de clarifier ces différends, dans l’espoir que les travaux du Comité ne constitueront que la première étape d’un examen continu de la problématique générale des rapports entre la technologie et la société et de la façon dont l’Institut devrait concevoir sa fonction à titre de «service public» . Toute action entreprise par le MIT dans sa fonction de service public constitue un acte politique et doit être envisagée avec grande prudence . Ceux qui développent la science et la technologie ont à leur portée un puissant instrument de destruction en plus d’un ensemble d’outils et de techniques qui permettraient de surmonter au moins certains problèmes 1 . Cet addenda au rapport du comité devant lequel Chomsky avait formulé les remarques du texte précédent, et qui est paru en mai 1969, a été publié dans ce même rapport, p . 33-43, sous le titre Personal Addendum to the Panel report, by Noam A. Chomsky . Ce texte a été traduit par Lila Roussel et les intertitres sont de C .P . Otero . [N .B .] 76 Chapitre 4 de la société contemporaine . Ultimement, ils ne peuvent contrôler l’utilisation sociale de la connaissance, mais ils ne peuvent non plus demeurer aveugles quant à la manière dont leurs contributions seront utilisées, dans des conditions sociales données . Il est possible, bien sûr, d’adopter, sans faire preuve d’esprit critique, le concept d’«intérêt national» et de «service public» tel que défini par ceux qui sont en mesure d’allouer des fonds et de déterminer la politique publique . Faire cela revient en fait à porter un jugement particulier d’ordre politique, à savoir celui de soutenir la structure de pouvoir et de privilèges existante et le cadre idéologique particulier lui étant associé . Un tel jugement peut s’avérer juste ou non . Il doit être clairement reconnu, toutefois, qu’il s’agit d’un jugement politique qui, de plus, ne doit pas être dissimulé sous la prétention qu’il ne s’agit au contraire nullement d’une décision politique, mais simplement de la poursuite non idéologique et objective de la connaissance pour la connaissance . Dans une institution largement vouée à la science et à la technologie, nous n’avons pas le luxe de refuser de prendre position sur la question essentiellement politique de la façon dont la technologie sera utilisée, et nous avons la responsabilité de faire preuve de jugement et de prudence lorsque nous le faisons . Ceux qui trouvent ce fardeau intolérable se plaignent simplement des difficultés de la vie civilisée . Pour exercer cette responsabilit é, les scientifiques doivent continuellement porter des jugements à caractère politique et historique . Cela vaut pour le travail d’un individu . Cela a d’autant plus d’importance lorsque l’université prend un engagement institutionnel en matière d’organisation ou de soutien à la recherche . De tels engagements doivent s’accompagner de délibérations prudentes et objectives de la part de la communauté universitaire à part entière, et cela, pour deux raisons: d’abord, afin que la décision elle-même soit une décision réfléchie et, ensuite, pour que les membres de la communauté universitaire puissent s’élever au niveau de véritables citoyens, c’est-à-dire de personnes conscientes de leurs responsabilités et prêtes à les exercer . Cela vaut pour chaque personne au sein d’une société démocratique, mais demeure particuli èrement important en ce qui concerne les scientifiques et les ingénieurs, du fait de l’envergure des répercussions sociales de...

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