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c h a p i t R e 12 médias et identité et si on parlait du «nous» des québécois? Christian Agbobli et Caterine Bourassa-Dansereau Université du Québec à Montréal, Canada 160 Quelle communication pour quel changement? Le développement des technologies et des moyens de transport et le brassage des populations semblent confirmer les propos de Marshall Macluhan, à savoir que le monde allait devenir un village planétaire. En effet, la communauté internationale est maintenant le voisin local des gens partout dans le monde (Asante et Gudykunst, 1989). Ce monde est en train de changer et ce changement affecte notre identité et notre rapport à l’autre. Ainsi, dans ce contexte, plusieurs cultures se côtoient et de ces rencontres surgissent des interrogations à caractère identitaire. Le Québec n’échappe pas à ces interrogations qui concernent le «Nous» et les «Autres». En ce sens, lors du débat de 2007 sur les accommode­ ments raisonnables, le Québec a vu réapparaître un discours identitaire valorisant les «Québécois de souche» ou «Canadiens français»1. En considérant le portrait socioculturel du Québec en mutation et avec pour toile de fond la commission Bouchard­Taylor de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles, le présent article vise à comprendre le rapport que les « Québécois de souche» entretiennent avec leur culture et leur identité et à en exposer les enjeux communicationnels, tout en tentant d’en voir les résonnances dans ce contexte mondial en mouvance. Dans un premier temps, en tenant compte du contexte historique propre au Québec, nous exposerons le fait français et l’accent mis sur sa protection, deux éléments centraux de l’identité québécoise, en pré­ sentant le contexte politique entourant le rapport à «Soi» et à «l’Autre» au Québec. Dans cette perspective, la Commission de consultation sur les pratiques d’accommodement reliées aux différences culturelles de 2007­2008 est un épisode dans la série d’interrogations du Québec sur son identité et sa relation avec les membres des communautés cultu­ relles qui constituent sa population et nous l’utilisons comme terrain d’analyse privilégié. Dans un deuxième temps et en nous appuyant sur trois auteurs (Arjun Appadurai (2005), Benjamin Barber (1995) et Amin Maalouf (1998)), nous analyserons les enjeux communicationnels présents dans la construction du discours sur l’identité au Québec. 1. Nous utiliserons alternativement dans ce texte les expressions «Québécois de souche» et «Canadiens français» pour désigner les membres du groupe culturel majoritaire au Québec. [3.144.172.115] Project MUSE (2024-04-24 10:03 GMT) Chapitre 12 v Médias et identité 161 12.1. contexte historique et Politique entourant l’iDentité quéBécoise 12.1.1. contexte historique La relation à «l’Autre» est une dimension complexe et incontournable qui a contribué à la formation du sentiment identitaire québécois: en ce sens, la relation que les «Canadiens français» entretiennent envers les Canadiens anglais et les Autochtones2 a toujours été lourde de signification identitaire. Mais ce n’est pas tout, car à cette relation déjà tumultueuse s’ajoute le fait que les «Québécois de souche» constituent une communauté culturelle majoritaire face aux minorités représentées par les communautés culturelles au Québec, mais aussi, une commu­ nauté minoritaire dans un Canada largement anglophone. Dans cette relation houleuse et à travers ce double statut minoritaire/majoritaire, la langue française aura une place privilégiée3 au sein de la province québécoise. D’un point de vue historique, c’est essentiellement à la suite de la Révolution tranquille4 et aux changements qui en découle­ ront que la revendication du sentiment identitaire québécois s’affirma de façon plus organisée notamment sur le plan politique et dans l’espace public. 12.1.2. contexte poLitique du rapport à «soi » et à «L’autre » La question du rapport à «Soi» et à «l’Autre» comme dynamique de l’identité surgit souvent comme un serpent de mer au Québec. Ce rap­ port d’altérité prend la forme, dans les sphères politiques et médiatiques, d’un débat autour du «Nous» identitaire. 2. À ce sujet, voir Jacques Lacoursière, Jean Provencher et Denis Vaugeois, Canada Québec 1534-2000, Québec, Septentrion, 2000. 3. Bien que le rôle du français...

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