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CONCLUSION Où va la Chine après les Jeux olympiques de Beijing 2008 ? Comme de nombreuses études l’ont indiqué, la croissance économique fulgurante de la Chine au cours des trois dernières décennies a été accompagn ée d’une augmentation dramatique des disparités régionales. Le problème grandissant des inégalités régionales suscite l’attention des spécialistes qui s’interrogent sur leurs impacts possibles sur l’unité nationale du pays. L’unité nationale et la cohésion territoriale constituent l’un des principaux défis que la Chine d’aujourd’hui devra relever. Nous avons montré dans cet ouvrage que le passage de l’économie planifiée à l’économie socialiste de marché a principalement bénéficié aux régions géographiques côtières, aux centres urbains et à l’ethnie majoritaire han. Il est vrai que l’intégration progressive de la Chine à la communauté internationale lui a permis de rejoindre les rangs des grands décideurs 118 Disparités régionales et inclusion des minorités politiques internationaux, mais cette montée en puissance s’est faite au prix de l’accroissement des inégalités sociales (Durand et al., 2008). Bien que le gouvernement central de la Chine soit plus que jamais déterminé à les réduire, conscient des avantages économiques, politiques et sociaux de l’équité sociale, cet engagement représente un défi d’envergure. À vrai dire, l’organisation et la préparation des Jeux olympiques ont poussé le gouvernement central à poursuivre le processus de modernisation et de revitalisation de l’infrastructure urbaine, surtout à Beijing, mais aussi dans plusieurs autres grandes villes chinoises, au détriment de la réduction des inégalités au pays. Non seulement l’élan des Jeux olympiques n’a pas participé à la lutte contre les inégalités dans la société chinoise actuelle, mais la récession économique qui frappe l’économie mondiale depuis la fin de l’année 2008 pourrait certainement les exacerber. Tout d’abord, afin de protéger la performance de son économie, le gouvernement chinois se doit d’investir dans les secteurs les plus durement touchés par la récession. Comme on pourrait s’y attendre, les activités dépendant du commerce international, et donc celles qui recevront un certain appui, sont pour la plupart situées dans les zones urbaines de la Chine, ce qui accentue une fois de plus l’écart entre la ville et la campagne. À l’évidence, la récession économique mondiale oblige Beijing à reformuler ses priorités immédiates, donc à ralentir temporairement le processus de développement qui vise l’équité entre zones géographiques, secteurs d’activité et groupes ethniques de la société chinoise. Ce choix implicite, qui a priori semble justifié par la conjoncture mondiale, risque d’être lourd de conséquences en creusant les inégalités de développement entre les Hans et les minorités ethniques, et cela, pour deux principales raisons. Premièrement, les minorités ethniques étant pour la plupart dans une situation socioéconomique précaire, la récession ne fera que réduire encore plus les occasions déjà extrêmement limitées qui pouraient s’offrir à elles. Deuxièmement, la récession rend la compétition pour l’emploi féroce, et comme les minorités ethniques sont victimes de discrimination dans leur l’éducation et leur langue (compréhension limitée du mandarin), elles seront les premières éliminées de la course. Parallèlement à l’inégalité ethnique entre les minorités et la majorité han, une forme nouvelle d’inégalité croît dans les milieux urbains chinois. Compte tenu du processus d’urbanisation rapide de la Chine1 , les mouvements de migration des paysans chinois vers les villes ne peuvent pas être ignorés. D’ailleurs, les travailleurs migrants, qui au départ sont à la recherche d’une vie meilleure, occupent bien souvent un statut marginal dans les villes. Par 1. Le taux d’urbanisation était de seulement 9 % au début des réformes économiques, alors qu’il s’élève maintenant à presque 44 %. Il y a donc 400 millions de citadins de plus qu’avant les réformes. [3.138.110.119] Project MUSE (2024-04-26 04:36 GMT) Conclusion 119 exemple, ne pouvant obtenir facilement un permis de travail, ils sont forcés d’entrer dans le secteur informel, ce qui les place dans une position sociale encore plus vulnérable...

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