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4 C H A P I T R E LE DÉNI COMME MANIÈRE DE VIVRE LOGIQUE DU DÉNI ET FASCINATION Strictement parlant, le déni consiste en cette défense anticipatoire par laquelle une personne refuse de considérer un fait, ou certains éléments de la réalité, qu’elle pressent ou voit et juge comme potentiellement traumatisants.Après ce qui a été dit sur la violence de la limite associée à la mort, il nous faudra ici approfondir ce qui est perçu comme traumatisant et qui peut se modifier en partie avec l’évolution des sensibilités. Manifestement, jusqu’à présent, la fascination ne ferait pas partie de ces sources traumatiques. UNE SÉLECTION PRÉALABLE En ce sens, et pour nommer autrement le couple idéologie-séduction, le recours à la fascination pourrait procéder du déni. On serait fasciné non seulement pour le plaisir de l’être – ce qui n’est pas rien! – mais aussi afin d’éviter inconsciemment d’être confronté à d’autres aspects de la réalité qui pourraient nous désenchanter1. Ainsi la fascination nourrirait 1. On ne sera pas à cet égard sans noter ce qui apparaît pour le moins comme une coïncidence entre le désenchantement du monde, célébré par les chantres du postmodernisme , et la montée du «goût» fascinatoire. La fascination serait-elle une rébellion face à l’indifférence tranquille, sorte de riposte au «bof», proféré à tout propos? 100 La fascination – Nouveau désir d’éternité le déni du simple fait de s’appuyer sur ce qui va exclusivement dans son sens, par persuasion idéologique ou par le magnétisme de l’enchantement, au vrai commandé par une conception étriquée de la séduction. On l’a dit, la fascination est une idéologie mâtinée de séduction, à trajet sinusoïdal et imprévisible, toute en caprices, ou dit autrement, toute en dénis sertis de paillettes… Le refus anticipatoire propre au déni ne porte pas que sur la réalité potentiellement traumatisante, il peut aussi concerner ce qui travaille à notre insu… puis, une fois «révélé», s’exprime à notre corps défendant. Nous pouvons alors reconnaître une émotion, sans toutefois admettre qu’elle nous appartient en propre. Ainsi, on peut éprouver une vive colère, perceptible dans la crispation corporelle, le foudroiement du regard, mais signaler à forte voix que l’on n’est pas fâché… Du déni, nous passons de la sorte à la dénégation. Par elle, nous refusons de reconnaître comme nôtre ce qui émane de l’inconscient (lequel signifie, littéralement, en allemand,«à notre insu»), par exemple un affect refoulé et qui s’exprime soudain au grand jour. Ce qui heurte ici, c’est tout à la fois le sens inconnu de l’affect, son substrat, son occurrence soudaine. Comme on dit, on ne l’a pas vu venir… Encore mieux, c’est le fait, toujours inconscient, que «l’on ne s’y reconnaît pas». Ce décalage entre une émotion avérée et la même émotion rejetée a posteriori comme non apparentée à soi peut être relativement traumatisant, de sorte que le déni et la dénégation peuvent alors s’organiser en fin de non-recevoir. Dans les deux situations, déni et dénégation, un barrage mental se dresse contre certains aspects particuliers de la réalité, réalité interne et propre à l’individu dans la dénégation, alors que dans le déni, elle est à la fois interne et externe. Dans les deux cas se retrouve la peur de ce qui se profile à l’horizon ou de ce qui advient dans la réalité et qui risque de percuter la vie. LA FASCINATION COMME DÉNI DE LA PEUR Dès lors que l’on parle de fascination, la peur n’est jamais bien loin. La peur et la fascination sont ainsi habituellement reconnues comme sœurs jumelles. Car ce qui fascine par son mystère est tout autant à craindre, si bien que celui qui reconnaît être sur la frange du tournis fascinatoire peut se sentir ambivalent et en craindre d’avance les effets délétères. À juste titre, pensera-t-on. En ce cas, les jumelles se font face, se mesurent et s’équilibrent [18.223.172.252] Project MUSE (2024-04-25 10:34 GMT) Le d...

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