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CHAPITRE 2 Faut-il mentir à votre enfant au sujet de la mort du poisson rouge? Victoria Talwar Les parents et les médias me posent fréquemment des questions au sujet de la mort parce que je suis connue pour mes recherches sur la tromperie chez les enfants et sur leur compréhension de la vérité et du mensonge – ces questions sont souvent liées à la tromperie au sujet de la mort. Par exemple:«Dois-je dire la vérité à mon enfant au sujet de la mort de son poisson rouge?» En fait, cette question m’a vraiment été posée un jour. Alors qu’une petite fille était hors de la maison, son poisson rouge est mort et ses parents se sont inquiétés de sa réaction lorsqu’elle découvrirait que Flipper avait été retrouvé le ventre en l’air. Les parents ont couru au magasin pour acheter un autre poisson. Ils ont mis ce nouveau poisson dans l’aquarium et se sont préparés à faire comme si de rien n’était. Mais quand leur fille a commencé à leur poser des questions, ils se sont retrouvés pour ainsi dire piégés dans leur propre tentative de cacher la vérité. Comme Walter Scott l’a si bien exprimé «Ah! Quelle toile bien compliquée nous tissons!», surtout quand il s’agit de trouver un poisson identique à un poisson mort. Les parents ont bien essayé d’en trouver un qui ait une taille et des caractéristiques similaires 34 Science et religion en éducation au poisson disparu. Mais ils n’ont pu trouver qu’un poisson légèrement plus petit – le poisson qui venait de mourir était apparemment devenu assez gros. Les voilà donc obligés de répondre aux questions de leur fille à propos de la taille de Flipper et d’expliquer pourquoi celui-ci avait soudain rapetissé. Ils ont dû faire preuve d’une certaine créativité en expliquant, par exemple, que Flipper avait «fait un régime». Je connais une autre histoire : un parent avait préféré dire à son enfant que le chien de la famille «était parti à la ferme», plutôt que de lui avouer que celui-ci était mort. Cette mère s’est retrouvée dans un dilemme similaire lorsque l’enfant a insisté pour visiter la ferme et aller voir son chien – mort. Il est arrivé une histoire un peu différente à l’un de mes collègues. Sa fille possédait deux hamsters, dont l’un est mort. Dans ce cas, les parents ont discuté avec leur fille de la mort du hamster; ils l’ont aidée à l’enterrer dans le jardin, sont restés debout et attentifs pendant qu’elle chantait«Twinkle, Twinkle, Little Star» (qui était, semble-t-il, la chanson favorite du hamster). Puis ils l’ont emmenée dans une boutique d’animaux domestiques pour lui acheter un nouveau hamster. En fait, cette histoire implique une autre sorte de tromperie, mais pas de la part des parents cette fois. À la boutique, on leur a assuré en effet qu’ils avaient acheté un hamster femelle, comme celui qui était encore vivant à la maison. Mais, en réalité, on leur a vendu un hamster mâle, ce qu’ils ont découvert quelques semaines plus tard quand leur propre hamster est devenue enceinte et qu’ils ont alors dû discuter de la question de l’origine de ces bébés. Du hamster mort aux hamsters nouveau-nés, voilà une véritable éducation pour les parents! Dans ces quelques exemples, on constate que les parents ont adopté des tactiques différentes qui reflètent deux théories intuitives sur la façon dont on doit parler de la mort aux enfants. Dans un cas, les parents ont décidé que «l’honnêteté était la meilleure politique» et ils ont discuté de la mort de l’animal avec leur enfant. Dans l’autre, les parents ont adopté une tactique différente, celle qui consiste plutôt à penser, comme les singes proverbiaux, «on n’entend rien; on ne voit rien; on ne dit rien». Ils ont évité de discuter de la mort avec leur enfant et leur désir d’éviter cette discussion les a conduits à la tromper pour la protéger de toute inquiétude ou traumatisme. Ces anecdotes illustrent les deux visions différentes que les adultes adoptent lorsqu’ils ont à traiter de la mort avec des enfants...

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