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CHAPITRE 5 Leçons apprises des experts Les enfants en deuil Dawn Cruchet À l’automne 2001, la maman de Molly, âgée de 8 ans, m’a appelée pour me demander si je pouvais aider sa fille qui avait des difficultés à admettre le suicide de son père, événement qui s’était passé au mois de juillet précédent. Quand je lui ai répondu «Je suis désolée, mais il n’y a aucun centre dans la région de Montréal qui accueille particulièrement les enfants en deuil», sa maman m’a demandé: «Mais alors, qu’est-ce que je vais faire? Qui peut l’aider? Qui peut nous aider?» Cette conversation a constitué le point de départ d’une réflexion qui a culminé avec la fondation du Grief Center (Centre du deuil) à Montréal, en janvier 2002. Ma partenaire, Yvonne Clark, et moi-même partageons un intérêt professionnel pour la question du deuil. Yvonne a une expérience dans le travail social. Thérapeute du mariage et de la famille, elle s’est spécialisée dans les situations de perte et de deuil. Je suis moi-même infirmi ère et spécialiste de l’éducation du deuil. Nous nous sommes rencontrées à l’Université McGill lorsque nous travaillions à l’obtention d’une maîtrise et nous avons réalisé à ce moment-là que nous avions développé toutes les deux une passion pour le travail dans ce domaine relativement nouveau 60 Science et religion en éducation du soutien et de l’éducation dans les situations de deuil. Pendant dix ans, nous avons réfléchi à la possibilité d’offrir un endroit où les familles pourraient vivre leur deuil ensemble et nous avons finalement décidé de mettre notre rêve en pratique en 2002. Yvonne et moi occupons deux bureaux contigus; alors que le bureau d’Yvonne est confortablement installé avec un canapé et des fauteuils, le mien est une véritable salle de jeux conçue sur le modèle du Dougy Center for Grieving Children and Families [Centre pour les enfants et les familles en deuil] à Portland, dans l’Oregon1. J’ai donc un Mur pour cinglés (Wack Wall) et un punching bag dans le Coin de la colère (Mad Corner), des marionnettes , une table avec du riz, un coin avec des gros coussins dans lesquels on peut s’enfoncer, des figurines de jeu, des véhicules, des animaux, des dinosaures, un coin de bricolage et un panier rempli de balles souples que l’on peut serrer ou avec lesquelles on peut jouer. Nous offrons un refuge aux familles dans lequel elles peuvent se sentir en sécurité, un lieu confidentiel où personne ne les juge et dans lequel elles peuvent vivre leur deuil ensemble et séparément, parce que les enfants et les adultes ont des besoins différents en ce qui concerne le deuil. Les enfants ont moins tendance, par exemple, à s’asseoir et à parler; ils préfèrent s’engager de façon active dans le jeu et dans des activités créatrices qui les aident à donner un sens à leurs sentiments et à les accepter. Parler aux enfants de la mort ou de la façon dont elle survient leur apprend quelque chose d’important sur la vie. Au Centre du deuil, nous commençons par recevoir toute la famille pendant environ une demi-heure. Puis nous nous séparons: Yvonne travaille avec les adultes, leur offre du temps pour leur deuil et les aide aussi à comprendre celui de leurs enfants, pendant que je travaille avec les enfants dans la salle de jeux. À la fin de la session, nous nous réunissons à nouveau et nous discutons de tout ce qui a pu surgir pendant ces sessions séparées. Nous croyons à l’ouverture et à l’honnêteté et nous encourageons les parents à être directs et honnêtes lorsqu’ils discutent des questions liées à la mort. Nous pensons que les parents jouent un rôle fondamental en ce qu’ils offrent un modèle de comportement du deuil pour leurs enfants et nous avons appris qu’il est plus facile pour ces derniers d’être inclus dans ce deuil familial que d’en être exclus. Si nous ne pouvons pas éviter l’expérience de la perte vécue 1. Le Dougy Center est une maison indépendante qui offre un soutien aux enfants...

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