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chapitrE 3 Jusqu’ici tout va bien! Les modèles québécois et scandinave face à la concurrence mondiale Stéphane Paquin Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, le monde connaît la plus importante période d’expansion économique de l’histoire. Avec la libéralisation des échanges, le développement des nouvelles technologies de l’information et la constante amélioration des moyens de transport, le capitalisme est passé en mode turbo (Paquin, 2008). Le volume des échanges de marchandises était, en 2001, seize fois supérieur à ce qu’il représentait en 1950. Le ratio des exportations mondiales de biens et de services sur le produit intérieur brut (PIB) est passé de 13,5 % en 1970 à 32 % en 2005 (Jansen et Lee, 2007, p. 16). La croissance des investissements directs étrangers a été encore plus spectaculaire: en 1980, ils se situaient autour de 55 milliards de dollars pour s’élever à 200 milliards en 1990-1994. En 2000, ils ont atteint un niveau record de 1 300 milliards de dollars. L’année 2006 est également marquée par un nombre exceptionnel de fusions et d’acquisitions (Jansen et Lee, 2007, p. 17). 92 État stratège et participation citoyenne À l’échelle planétaire, l’économie a certes connu de nombreuses vagues de turbulence comme la crise asiatique de 1996-1998, l’éclatement de la bulle technologique en 2000 ou les attentats du 11 septembre 2001. Malgré cela, la progression du commerce mondial de 1995 à 2005 a été de 6 % par an, soit environ le double de la croissance du PIB mondial. Au cours des dernières décennies, la croissance des exportations a été plus rapide que celle de la production mondiale dans l’ensemble des régions du globe. En 2005, la population active de la planète comptait 2,8 milliards de personnes, dont 550 millions provenant des pays de l’OCDE, contre 1,5 milliard il y a vingt ans (Jansen et Lee, 2007, p. 19). Il est cependant trop tôt pour mesurer les effets de la crise des prêts hypothécaires à risque de 2008-2009 sur le commerce mondial. Ce développement sans précédent a aussi eu un effet positif sur la réduction de la pauvreté mondiale. Durant les cinquante ­ dernières années, elle a été supérieure à tout autre moment de l’histoire. La­ qualité de vie des individus a elle aussi augmenté, au cours des derni ères ­ décennies, dans presque toutes les parties du monde. Celles qui ne connaissent pas de baisse de la pauvreté sont essentiellement celles qui n’ont pas un bon accès au système mondial des échanges. En effet, le recul de ­ l’appauvrissement de 1981 à 2001 est presque entièrement attribuable au succès asiatique qui s’explique lui-même, dans une large mesure, par la croissance de la Chine. La diminution de la pauvreté a cependant été moins rapide que la croissance, signe que le monde est de plus en plus inégalitaire (Paquin, 2008, p. 176-181). La montée des inégalités ne se produit pas seulement entre les pays riches et les pays pauvres, mais aussi en leur sein. Aux États-Unis, le revenu médian a progressé de 11 % de 1966 à 2001, mais le revenu des 10 % les plus riches a crû de 58 %, celui des 1 % les plus riches de 121 %, celui des 0,1 % les plus riches de 236 % et celui des 0,01 % les plus riches de 617 % (Le Boucher, 2007, p. 27). En 1999, 1 % de la population américaine la plus riche disposait d’autant de revenus que les 100 millions d’Américains au revenu modeste, soit 38 % de la population. Cet écart a doublé depuis 1977 et continue de s’agrandir. Au Canada, depuis le début des années 1990, le revenu médian s’est accru de 8 %, mais les familles à faible revenu ont vu leurs richesses diminuer de 8 % en moyenne, alors que les Canadiens les plus riches ont connu une hausse de leur avoir de 24 % (Deglise, 2007, p. A2). [3.12.34.178] Project MUSE (2024-04-25 06:55 GMT) Les modèles québécois et scandinave face à la concurrence mondiale 93 Il est clair que le nouveau monde qui apparaît est ainsi très concurrentiel , mais également plus inégalitaire. Le capitalisme nouveau a ranimé le conflit qu’avait jadis désamorc...

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