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Chapitre 10 Vers un État stratège partenaire de la société civile Yves Vaillancourt Avec la collaboration de Philippe Leclerc L’État stratège n’est pas un concept auquel nous avons l’habitude de recourir spontanément. L’idée de l’utiliser est venue d’une interpellation de trois chercheurs de l’ENAP lors de la préparation du ­ colloque d’octobre 2006 centré sur ce concept (Côté, Lévesque et Morneau, 2006). Si cet appel nous a plu et mobilisés pour écrire un texte, c’est parce que ces chercheurs ne parlaient pas de l’État stratège au singulier, mais au pluriel. Ils se référaient à un certain État stratège «ouvert à la participation citoyenne», c’est-à-dire désireux de travailler en partenariat avec les acteurs de la société civile. Nous avons alors compris que l’État stratège dont il était question s’intéressait à la «coconstruction» des politiques 236 État stratège et participation citoyenne publiques1 . Loin de se laisser accaparer par un partenariat qui miserait principalement sur la participation des acteurs dominants du marché, l’État stratège évoqué par le colloque de l’ENAP nous a semblé augurer aussi sur la participation partenariale des acteurs de la société civile, plus particulièrement de ceux du tiers secteur et de l’économie sociale définie de manière large et inclusive (Vaillancourt, 2006). Notre intérêt pour le concept d’État stratège est lié à la possibilité de le définir et de l’actualiser en sortant des cadres d’analyse binaires qui prédominent dans les écrits sur les politiques publiques. Ces écrits ont l’inconvénient de nous enfermer dans une perspective théorique étouffante fondée sur le couple public/privé ou État/marché. De manière plus constructive, l’idée de l’État stratège nous intéresse dans la mesure où il est possible de la baliser théoriquement et de l’utiliser pratiquement en déployant une problématique tripolaire. Cette dernière considère des configurations de politiques publiques dans lesquelles les acteurs de la société civile en général, et plus particulièrement du tiers secteur et de l’économie sociale, partagent des espaces et du pouvoir avec les acteurs du secteur public et du secteur privé à but lucratif pour inventer et appliquer des politiques novatrices et démocratiques (Lévesque, 2003; Favreau, 2005 ; Vaillancourt, Aubry et Jetté, 2003 ; Vaillancourt et Charpentier, 2005). Le texte est structuré en trois grandes parties. Dans une première, nous examinons la définition de l’État stratège, celle qui émerge de certains écrits issus de l’administration publique française au cours des années 1990. Cette section nous permet de débuter par une définition 1. Parallèlement à la préparation du présent texte sur l’État stratège, nous avons travaillé à l’écriture d’un autre, complémentaire, sur la coconstruction des politiques publiques et l’apport de l’économie sociale. Dans ce texte sur la coconstruction, nous faisons la distinction entre l’élaboration des politiques publiques et leur mise en œuvre. Nous réservons le concept de «coconstruction» pour parler de la participation de l’économie sociale à l’élaboration ou à la construction au sens fort des politiques publiques. Par contre, nous utilisons le concept de « coproduction » pour parler de la participation de l’économie sociale à l’opérationnalisation ou à la mise en œuvre des politiques ­ publiques. En somme, la coconstruction des politiques publiques renvoie à la dimension institutionnelle (définition des grandes orientations et règles du jeu), et la coproduction à la dimension organisationnelle (organisation des activités). Notre texte sur la coconstruction fut d’abord publié comme cahier de recherche du LAREPPS et du CRISES au début de l’année 2008 (no 08-01). En 2009, il constituera un chapitre de livre à paraître consacré à l’économie sociale au Québec et sous la direction de Marie J. Bouchard. [18.219.95.244] Project MUSE (2024-04-26 03:27 GMT) Vers un État stratège partenaire de la société civile 237 classique de l’État stratège qui apparaît dans une certaine littérature francophone, mais qui pourrait tout aussi bien se dégager des écrits du courant dominant de la littérature anglo-saxonne sur le Steering State. À la fin de cette section, nous aménageons une sous-section (1.2) dans laquelle nous montrons...

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