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Chapitre 8 Une démocratie de coopérants: utopie ou miroir aux alouettes? Commentaire du texte de Gérard Divay Robert Bisaillon« Le changement des façons de voir devrait inspirer le changement des façons de faire qui précède ou accompagne le changement des structures. Dans cette séquence, le changement des façons de voir est primordial.» Nos façons de voir sont le fruit des représentations que nous nous faisons de la nature de l’État, des services publics eux-mêmes et… bien sûr, de la décentralisation. Partant de cette approche, difficilement contestable, quelles implications découlent d’un changement dans les façons de définir l’État, devenu État stratège, les services publics décentralisés et leur configuration nouvelle dans une dynamique territoriale; quelles solutions sont envisageables pour faire migrer la situation actuelle d’exécutants qu’on reconnaît aux acteurs locaux – et qu’eux-mêmes déploient – vers celles de coordonnateurs terrain d’un État stratège, comme le propose Gérard Divay? 208 État stratège et participation citoyenne 1 L’action étatique Selon Divay, l’État ne peut pas être sa propre finalité. Celle-ci se trouve dans la société dont il est l’émanation démocratique et dont il assure l’identité et la survie. Vu ainsi sur le plan de la gouvernance, le contrôle social passera à la fois par l’État, dans ses interventions de nature autoritaire et incitative, et par de multiples acteurs de la société qui, ensemble, tentent d’orienter le comportement des citoyens dans toute leur liberté. Par conséquent, pour ce qui est cette fois des caractéristiques de l’État stratège, qui a plusieurs composantes et qui s’organise à plus d’un niveau territorial, on ne pourra plus résumer le pilotage à l’intervention d’un centre et à la délégation des opérations, entre autres au palier local. On ne saurait prétendre désormais que les services décentralisés œuvrent seulement dans le domaine de l’opérationnel, ni donc que ceux qui les rendent ne participent pas à la définition des stratégies, mais sont uniquement des «servants» de l’État stratège. Ainsi, si l’État comme dispositif de contrôle social invite au préalable à regarder le travail que la société fait sur elle-même par son entremise , cette vision, plutôt que d’entraîner des caractéristiques de l’État stratège établies a priori, devrait nous inciter à cerner les conditions que son organisation et son action devraient respecter pour qu’il soit efficace dans le contexte actuel. Il importe, par voie de conséquence, d’identifier, dans la dimen­ sion stratégique de l’État, ce qu’il lui appartient au-delà de la seule dimension opérationnelle. 2 Les services publics décentralisés Divay constate que les services publics décentralisés forment une constellation floue d’institutions et d’organismes aux statuts juridiques diversifi és, en situation de plus ou moins forte dépendance, aux missions plus ou moins clairement explicites, aux dynamiques socioprofessionnelles fort diversifiées selon les domaines, aux interactions très variables et parfois surprenantes selon les territoires. [18.218.61.16] Project MUSE (2024-04-24 04:45 GMT) Une démocratie de coopérants: utopie ou miroir aux alouettes? – Commentaire 209 Les services publics ne sont donc pas uniquement ceux qui sont produits par les administrations publiques. Ils ne sont pas non plus qu’une affaire de lien (central ou local), mais bien en revanche de degrés. Par ailleurs, la relation de service doit être vue comme un échange multilatéral, dans lequel le citoyen est à la fois servi, asservi et de service, dans des dosages variables selon le service rendu. Ainsi l’interaction entre l’organisation et le citoyen ne peut être considérée de façon unilatérale. La participation citoyenne ne s’exprime pas seulement en parole, pour influencer, mais aussi en acte, dans des actions civiques. Cet état des choses et l’examen critique du rôle de l’État qui en découle s’incarnent dans une dynamique territoriale où sont offerts les services publics décentralisés et commandent un examen tout autant critique des trois dimensions institutionnelles des services qui s’y trouvent : celle du découpage de territoire desservi, celle de la composition des instances et celle de la définition...

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