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CHAPITRE 8 Services centraux, services en trop La dérive centrifuge des arrondissements de Montréal1 Pierre J. Hamel INRS – Urbanisation, Culture et Société L’autonomie relative des arrondissements de Montréal est confortée par les règles de dotation budgétaire qui leur assurent une assez grande latitude, et ce, bien qu’ils soient tout de même confinés à une gamme de responsabilités restreintes. Singularité montréalaise, chaque arrondissement a le pouvoir d’obtenir que la ville centrale lève au nom de celui-ci et à son seul bénéfice un impôt spécial, qui s’ajoute à l’impôt foncier général. Entre la création du conseil d’agglomération et le renforcement des arrondissements, les réformes des dernières années ont eu pour conséquence d’entraver le pouvoir du «central»; bien plus, les pouvoirs dévolus aux arrondissements sont tels qu’ils ont le potentiel de resserrer encore davantage l’étau dans lequel s’est elle-même coincée l’administration centrale de la Ville de Montréal. Il ne s’agit ici que d’un bilan partiel et provisoire du mouvement de restructuration, de fusion et de défusion à Montréal, regardé d’abord et avant tout avec la lorgnette des finances publiques, mais pas uniquement . Une comparaison (trop superficielle) avec des exemples de 1. Je demeure le seul responsable des erreurs qu’on ne manquera pas de noter ici et surtout là; en revanche, pour ce qui est des quelques bonnes idées qu’on pourra peut-être relever, j’en suis redevable à quantité d’informateurs de qualité: Léon Deben et Pieter Terhorst (Universiteit van Amsterdam), Andrew Coulson et Chris Game (Institute of Local Government Studies – INLOGOV, University of Birmingham), Jacques Léveillée† (UQAM), Richard E. Langelier (présentement au service de la recherche de la Confédération des syndicats nationaux – CSN), ainsi que de nombreux fonctionnaires, élus et militants à Amsterdam, Birmingham et Montréal. 158 La métropolisation et ses territoires décentralisation inframunicipale avancée, notamment à Amsterdam, nous permet de distinguer les éléments originaux de l’expérience montréalaise. 1. LA CRÉATION DES ARRONDISSEMENTS COMME STRATÉGIE DE SÉDUCTION Les arrondissements d’Amsterdam sont fameux, au moins dans le petit monde des études urbaines; mais on ignore souvent qu’ils ont été créés progressivement, à compter du début des années 1980, dans le cadre d’une vaste entreprise de séduction. Mal à l’aise dans une province largement rurale, la commune d’Amsterdam avait ourdi un plan visant à associer la plupart des communes plus urbaines de son voisinage dans le but de créer une province à part, plus franchement urbaine et pourquoi pas, à terme, une grande ville plus costaude. Les «intéressées» s’opposèrent vivement et unanimement en arguant que la ville centrale dominerait inéluctablement le nouvel ensemble et que ce ne serait finalement qu’une vaste annexion pure et simple. Reconnaissant que la nouvelle alliance serait déséquilibrée, la ville centre avait alors aussitôt changé son fusil d’épaule en proposant de procéder à son propre démembrement en plusieurs arrondissements; ceux-ci étaient appelés à devenir autant de petites villes autonomes dont aucune ne serait en mesure de dominer la nouvelle communauté urbaine, puisque chacune des parties d’Amsterdam aurait une dimension comparable à la moyenne des communes que l’on souhaitait regrouper. La mise en place des arrondissements a bel et bien eu lieu, mais le projet de regroupement dans une nouvelle province autonome plus urbaine n’a jamais abouti; il faut cependant le garder en tête car il explique l’orientation de la formation des arrondissements . Il faut également souligner que, tout en accueillant très favorablement cette décentralisation infra-urbaine, les Amstellodamois se sont fermement opposés, par référendum, à une disparition de la commune d’Amsterdam. Les arrondissements de Montréal ont étrangement une origine assez similaire à celle des arrondissements d’Amsterdam, du moins pour ce qui est de l’intention, mais non pour la pratique comme on le verra. Déjà depuis les années 1980, la Ville de Montréal avait formalis é sa subdivision administrative en arrondissements qui n’avaient alors cependant qu’un rôle et une importance des plus limités, semblables en cela à la plupart des arrondissements qui ont fleuri dans nombre de villes occidentales, que ce soient ceux de Birmingham...

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