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la construction des amériques aujourd’hui 268 ISBN฀978-2-7605-2349-4฀•฀D2348N comme la globalisation et la production mondiale. Il résulte du constat de la rareté des études et des analyses reliées à la féminisation de la migration , situation qui est probablement due à la prédominance – de plus en plus accentuée dans le milieu universitaire – de la logique marchande de l’offre et de la demande. Il me semble que le sujet relatif aux rapports hommes-femmes est devenu démodé alors qu’il était prédominant il y a déjà plus de quarante ans! L’émigRation Des femmes coLombiennes Les études sur la migration internationale des femmes colombiennes sont peu nombreuses, sauf en Espagne, où les médias se sont mis à parler du sujet davantage sur le mode du scandale que de l’analyse1. Cette rareté étonne, car le contact direct avec les acteurs de la migration met en évidence que les rapports de genre sont au cœur des situations vécues par les nouveaux arrivants et que l’émigration colombienne, en augmentation constante, inclut de plus en plus les femmes. Mes démarches de recherche en Colombie entre 2000 et 20042 ainsi que les études que j’ai menées depuis au Québec3 rendent compte du fait que les questions relatives au genre déterminent autant les processus de mobilité géographique que les changements relatifs à l’identité des sujets. L’histoire des mœurs en Colombie permet de comprendre que la représentation sociale d’une femme s’aventurant seule à quitter le sol natal (le local, le oikos) était très négative. Dans la culture traditionnelle, il était commun que les femmes suivent leur mari ou leur famille paren1 . Cette situation a été l’objet de plusieurs études, dont: Fabiola Ecot, «À l’ombre des médias», Amérique latine – Histoire et Mémoire, no 8, 2004; Médias et migrations en Amérique latine, 2005, , consulté le 10 septembre 2006; E. Bonelli et M. Ulloa (dir.), Tráfico e inmigración de mujeres en España. Colombianas y ecuatorianas en los servicios domésticos y sexuales, Madrid, ACSUR, Las Segovias, 2001, , consulté le 15 septembre 2006. 2. Representación e interpretación de la realidad social en niños y niñas de diverso contexto cultural a través del juego dramático y otras expresiones lúdico-artísticas, Medellin, Grupo DIVERSER, Universidad de Antioquia, 2000; Mujeres universitarias inmigrantes a Medellín. Que modelo de feminidad las inspira?, Medellin, Departamento de Sociología, Universidad de Antioquia (inédit). 3. Ici et ailleurs: notes sur le mal-être et le bien-être des femmes colombiennes et la migration , AUCC-CRDI (Association des universités et collèges du Canada-Centre de recherche sur le développement international); Les politiques visant l’orientation et l’accompagnement des immigrantes et immigrants en région au Québec: leurs impacts sur la mobilité secondaire et les migrations urbaines des femmes, Québec, Conseil de la condition féminine, 2006. [3.21.106.69] Project MUSE (2024-04-26 04:13 GMT) et si l’on pensait l’émigration colombienne au féminin? 269 ISBN฀978-2-7605-2349-4฀•฀D2348N tale. Par contre, celles qui émigraient seules étaient l’objet du soupçon collectif du fait qu’on croyait qu’elles avaient quelque chose à cacher ou qu’elles risquaient d’en apprendre «trop». Cette histoire enseigne que la maxime «les femmes sont de la maison, les hommes sont de la rue» synthétise une sorte d’«idéologie des lieux» du genre4 qui a façonné les rapports hommes-femmes. Des recherches menées par le Grupo DIVERSER – auxquelles j’ai déjà fait référence plus haut – mettent en évidence des faits qui illustrent cette «idéologie des lieux» de genre par laquelle la culture a façonné des rapports sociaux de sexe en Colombie: Des femmes afro-colombiennes du village de San Onofre (côte 1. Atlantique près de Cartagena), qui émigraient au Venezuela pour travailler comme domestiques, étaient très mal vues par leur communaut é à leur retour. On leur reprochait de s’être rendues très indépendantes et extrêmement libres et, même, on les punissait pour leur conduite désinvolte et on leur reprochait de préférer la fête aux devoirs domestiques. Quant aux femmes de premières nations qui étaient de retour au 2. sein de leur communauté apr...

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