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L’économie du Québec : le pari de l’ouverture internationale1 Mario Polèse Il suffit d’ouvrir les journaux pour se convaincre que l’intégration économique internationale2 reste un sujet d’actualité : négociations du GATT,« Tokyo Round », « Uruguay Round », traité de libre-échange Canada— États-Unis, Europe 1992, libre-échange avec le Mexique, et tout le reste. 1. Dans le texte qui suit j’adopte consciemment un ton que l’on pourrait qualifier de pamphlétaire ou de polémique. Je fais ce choix pour respecter l’esprit de ma conférence qui se situait dans le cadre d’un débat sur des options de développement du Québec de l’an 2000. C’est aussi pour cette raison que je me suis abstenu de citer des références« savantes », comme c’est l’habitude dans les articles de revues scientifiques. 2. Le terme « intégration économique » renvoie à l’intensité des relations économiques entre régions ou nations. Ces relations peuvent prendre la forme d’échanges commerciaux (de biens et services), de mouvements de capitaux ou encore de mouvements de personnes et d’idées. Une économie nationale (ou régionale) est« ouverte » (c’est-à-dire « intégrée » à celle d’autres territoires) dans la mesure où elle entretient des relations économiques importantes avec le reste du monde. L’économie québécoise est « ouverte » dans la mesure où les exportations (vers d’autres provinces ou pays) comptent pour environ la moitié de notre production manufacturière. L’intégration économique ne renvoie pas uniquement à l’absence (ou à la réduction) de barrières législatives ou autres aux échanges (barrières tarifaires et non tarifaires), mais aussi à l’ampleur des échanges, bien que les deux aillent souvent de pair. 48 L’économie du Québec : le pari de l’ouverture internationale L’illusion des choix politiques Cependant, les divers débats et discussions qui entourent le thème de l’intégration économique mondiale laissent croire qu’il s’agit avant tout d’un choix politique. L’intégration des économies nationales serait d’abord une question de négociations d’État à État, d’élimination de barrières tarifaires et non tarifaires , de traités de coopération. En d’autres termes, la vague d’intégration économique à laquelle nous assistons depuis maintenant quelques décennies serait le résultat d’un long processus de coopération et de négociations internationales. Il s’agit en somme d’un processus politique, donc réversible, une option « volontaire » à laquelle un État peut choisir d’adhérer ou non, selon ses intérêts propres. Cette vision n’est vraie qu’en partie. Il est vrai que la volonté politique y est pour beaucoup. La Première Guerre mondiale et la Grande Crise ont effectivement eu pour conséquence, à la suite des mesures protectionnistes qu’elles ont amenées dans leur sillon, de réduire considérablement l’importance du commerce international, et donc de ralentir la tendance, bien amorcée au cours du XIXe siècle, à l’intégration de l’économie mondiale. C’est en bonne partie le choc combiné de la Grande Crise et des deux guerres mondiales, c’est-à-dire le désir d’éviter que le monde sombre à nouveau dans une surenchère nationaliste et protectionniste, qui est à l’origine de la vision« internationale » de la plupart des classes politiques occidentales, aujourd’hui largement favorables à l’ouverture des économies nationales. Cependant, la tendance à l’intégration économique internationale est irréversible, non pas tant à cause des volontés politiques, mais surtout comme la suite inévitable des changements technologiques en matière de transport et de communication. L’intégration économique est aujourd’hui devenue une fatalité technologique. Il n’est pas possible de « désinventer » ce qui existe ; nous ne pouvons pas désapprendre ce qui est aujourd’hui inscrit dans les textes et dans les connaissances transmises d’une génération à l’autre. Le progr ès et la diffusion des connaissances possèdent une dynamique propre. Pour illustrer le lien entre progrès technologique et intégration économique , il faut d’abord comprendre le rôle des coûts de transport et de communication dans le commerce international. Les coûts de transport ou de communication agissent sur les échanges internationaux (ou les flux de capitaux ) de la même façon que les barrières tarifaires ou non tarifaires. On comprend facilement qu’un tarif douanier...

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