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Le 8 juillet 1963, vu un déficit accumulé de l’ordre d’un demi-million de dollars, les sociétaires de la Coopérative d’habitation de Montréal acceptent la liquidation volontaire en assemblée générale spéciale. La proposition émane d’un comité d’experts (de cinq membres) formé à l’initiative de la Société des artisans. Le premier comité de liquidation est composé de messieurs Lépine (de la caisse populaire Saint-Alphonse-d’Youville), Ricard (de la Société des artisans) et Ryan (représentant des sociétaires). Il s’impose à l’évidence qu’une liquidation précipitée serait au désavantage de tous les intervenants. Les sociétaires déjà propriétaires perdraient leur capital social (100 $) ; ceux qui sont en attente perdraient leurs épargnes accumulées. Les créanciers, quant à eux, ne pourraient espérer retirer qu’une portion de leur capital. Le mouvement coopératif risquerait de voir sa crédibilité sérieusement ébranlée. On décide donc de tenter de sauver le plus de mises possibles. Le comité de liquidation reçoit le mandat de liquider l’entreprise en douceur, en prenant le temps qu’il faudra. Un des liquidateurs (M. Henri Ricard) est désigné comme gérant-liquidateur à l’automne de 1963. Surtout, la stratégie de liquidation volontaire prend une allure quelque peu inhabituelle lorsque le comité se fait « constructeur » puis « promoteur ». Le comité entreprend, d’abord, des activités de liquidation stricte afin de ramener la société coopérative à des dimensions moins extravagantes. Le comité s’emploie à regrouper les installations (bureaux, ateliers, etc.) de la Coopérative en un seul lieu, rue Louvain, au domaine Saint-Sulpice ; par la même occasion, il sabre généreusement dans le personnel de bureau. Le domaine Gentilly, à Ville-Jacques-Cartier, est irrémédiablement abandonné. Comme le stipule le contrat, Désourdy Construction reprendra les terrains dans deux ans. Entre temps, le comité de liquidation aura dû défrayer 42 000 $ en intérêts et 20 000 $ en pénalités, pour défaut de construire au-delà de la quarantaine de maisons bâties entre 1960 et 1963. Une campagne intensive de publicité est couronnée de succès et les vingt duplex du domaine Saint-Sulpice trouvent enfin acheteurs. Finalement, la zone industrielle de Saint-Léonard est vendue pour 571 758,98 $. Cette vente est controversée car nombre de sociétaires de Saint-Léonard voudraient s’en approprier personnellement les bénéfices plutôt que de les verser au budget général de la Coopérative. Épilogue LA COOPÉRATIVE D’HABITATION DE MONTRÉAL... ET APRÈS S’étant départi aussi de quelques actifs fonciers mineurs, le comité de liquidation obtient en justice le droit de compléter, en 1964 et en 1965, les opérations entreprises au domaine Saint-Sulpice. La cour donne à cette occasion une créance privilégiée aux sociétaires ayant précédemment versé de l’argent à la Coopérative. La centaine de bungalows en construction en juillet 1963 est achevée et, sur chacun des soixante-douze lots encore disponibles selon l’entente avec la Ville de Montréal, des unifamiliales sont mises en chantier à l’intention des sociétaires désignés. On parvient ainsi à protéger les épargnes d’un nombre respectable de coopérateurs et à retirer un bénéfice de 94 000 $. 160 LA CITÉ COOPÉRATIVE CANADIENNE-FRANÇAISE [18.218.61.16] Project MUSE (2024-04-24 11:08 GMT) Entre 1970 et 1972, le comité de liquidation décide de répéter le scénario du domaine Saint-Sulpice sur une partie de ses terrains à Charlemagne. Or, le groupe de sociétaires à sauver est ici nettement plus petit. La vente des 172 bungalows est assurée par l’artifice suivant : on rachète à des sociétaires de Saint-Léonard et de Saint-Sulpice leur part sociale de 100 $ pour la transférer aux acheteurs recrutés. Produisant plus de logements qu’il n’y a de coopérateurs à satisfaire, le comité se fait ainsi promoteur, d’autant plus que le nouveau sociétaire « malgré lui » ne paie pas sa maison au prix de revient, comme le voulait la politique fondamentale de la Coopérative d’habitation de Montréal, mais à un prix qui assure un profit confortable. Le bénéfice net a été, de fait, de 360...

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