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« Le local » peut-il servir de lieu politique pour lutter contre l’exclusion et pour repenser l’économie ? Caroline Andrew L’importance et même l’urgence de repenser l’économie sont au centre des interventions au colloque que nous commentons. Les communications ont insisté de façon éloquente sur les phénomènes d’exclusion produits par le fonctionnement des processus économiques actuels. Le mouvement grandissant d’exclusion, et la rapidité de cet accroissement, ajoute une note d’urgence à l’appel lancé pour une nouvelle pensée économique et une nouvelle économie. Si l’urgence de la tâche est ressortie clairement et avec force au colloque, le choix des stratégies politiques pour arriver à cet objectif n’est pas apparu aussi clairement. Pour aider à amorcer le débat sur cette question, je vais proposer une stratégie politique — la constitution du local comme terrain de lutte politique — et tenter de voir comment nous pouvons appuyer cette stratégie à partir des interventions entendues. Évidemment, ce n’est pas la seule stratégie qui a été proposée, mais c’est un premier pas vers le débat central axé sur le choix des stratégies. La logique derrière la décision de discuter de la stratégie du local est purement personnelle ; je m’intéresse au local et je veux voir comment nous pourrions interpréter les interventions au colloque autour de la stratégie du renforcement du local comme lieu de lutte politique. Ma démarche relève trois contributions, deux obstacles et une piste de recherche. Les trois contributions résument trois idées centrales dans la recherche d’une définition du local évoquées au colloque. Les deux obstacles viennent de certaines ambiguïtés ou carences dans l’articulation de la notion du local. Finalement, la piste de recherche tentera de donner une forme concrète et donc une visualisation de la stratégie d’utilisation du local comme terrain de lutte contre l’exclusion et pour repenser l’économie. 306 Contre l’exclusion : repenser l’économie Commençons par les trois contributions. Gilles Breton souligne qu’avec la globalisation nous assistons à la construction de nouveaux espaces politiques et que nous devons être ouverts à la reconnaissance de ces nouveaux espaces. Puisque la globalisation, paradoxalement, renforce la spécificité des lieux, les nouveaux espaces ainsi créés peuvent inclure le local. Breton note certaines caractéristiques de ce lieu local — à travers une conceptualisation des rapports sociaux et par une transcription concrète des identités multiples. La présentation de Jean-Louis Laville, en insistant sur l’importance de la dimension politique, fournit également un élément essentiel dans la définition de notre stratégie politique locale. Nous allons revenir à cette question en abordant les difficultés de définir le local, mais disons tout de suite que la composante politique est essentielle. L’idée qu’il y a une interface nécessaire entre le social et l’économie, et que l’insertion communautaire peut servir de lieu à cette interface, a été mise en lumière par Richard Morin dans son analyse du développement économique communautaire. Cette idée s’ajoute à celle de Laville, car la double perspective du social et de l’économique s’ouvre mieux sur une perspective politique. En insistant sur la double dynamique du social et de l’économique ou même, mieux, en refusant la dichotomisation entre le social et l’économique, nous établissons une problématique plus large qui permet plus aisément de poser un regard politique. Morin suggère que cette fusion de l’économique et du social peut s’opérer dans le cadre communautaire. Alors, mettons ensemble ces contributions et voyons comment elles nous permettent de conceptualiser le local. Tout d’abord, la présentation de Gilles Breton nous rappelle la mouvance politique actuelle et, par conséquence, un souci de saisir les nouveaux espaces politiques en création. Nous ne cherchons pas nécessairement des espaces politiques déjà formés mais plutôt des espaces politiques en devenir. Il ne s’agit donc pas de conclure qu’à ce jour le local ne représente pas un terrain de lutte efficace, mais plutôt de scruter les indices qui pourraient suggérer des lignes de force de l’évolution actuelle. Il n’est pas facile d’analyser ce qui est en devenir, mais c’est la démarche la plus respectueuse de la dynamique actuelle de la globalisation. L...

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