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Fonctionnement familial et rendement scolaire : où est le lien ?
- Presses de l'Université du Québec
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Fonctionnement familial et rendement scolaire : où est le lien ? Nicole BOLDUC Département des sciences infirmières Université de Sherbrooke et Centre hospitalier universitaire de Sherbrooke Depuis la dernière décennie, la prévalence des élèves ayant des troubles d’apprentissage a augmenté de façon significative (MEQ, 1985). Selon Forest (1974), ces difficultés chez les enfants du primaire s’installent entre la première et la troisième année. Les retards de développement moteur et de langage ont été pointés comme prédicteurs de ses troubles d’apprentissage alors que les troubles d’apprentissage sont des prédicteurs de difficultés d’adaptation sociale dont la délinquance et l’itinérance (MSS, 1990). Certains auteurs (MSS, 1991), dont la Commission de réforme du droit du Canada (Féger, 1988), ajoutent qu’un lien existe entre le rendement scolaire et les difficultés que vivent les enfants dans leur milieu familial. De plus, les enfants ayant des troubles d’apprentissage et ceux vivant dans un climat familial où les tensions sont constantes ont été pointés par le ministère de la Santé et des Services sociaux (1989) comme étant ceux dont la santé mentale était la plus vulnérable. Aussi, une compréhension plus approfondie de la relation entre le fonctionnement familial et le rendement scolaire pourrait-elle aider les intervenants à mieux comprendre le problème des enfants qui présentent des difficultés d’apprentissage, à intervenir plus efficacement et plus précocement auprès d’eux et de leurs familles. Dans les ouvrages portant sur le sujet, les facteurs d’influence du rendement scolaire sont regroupés en trois catégories : les facteurs individuels de l’apprenant, ceux de l’environnement scolaire et ceux se 366 Nicole BOLDUC rapportant à l’enfant dans son milieu familial, milieu de vie le plus significatif pour l’enfant. La présente étude s’est intéressée à cette dernière catégorie de facteurs, soit les facteurs familiaux. Dans les études antérieures, les caractéristiques sociodémographiques des familles, telles que le niveau de scolarité des parents, le revenu, etc., furent mises en relation avec les troubles d’apprentissage (Crespo, 1988 ; Friedman et Meltzer, 1973 ; Forest 1972, 1974). L’influence sur le rendement scolaire des relations entre l’enfant et un parent, le plus fréquemment la mère, a aussi été étudiée par Abrams et Kaslow (1976). Par ailleurs, à partir d’une perspective systémique, des cliniciens ont remarqué qu’un conflit dans le système familial ou dans un de ses sous-systèmes (conjugal, fratrie) peut être une source d’anxiété pour l’enfant et peut, conséquemment, contribuer à perturber son comportement et son attention à l’école (Abrams et Kaslow, 1976 ; Friedman et Meltzer, 1973 ; Klein et al., 1981). Certains auteurs dont Abrams et Kaslow (1976) et Klein et al. (1981) ajoutent qu’à leur tour les problèmes d’apprentissage génèrent et alimentent des conflits à l’intérieur du système familial. L’existence de liens entre, d’une part, certains aspects du fonctionnement familial (dont la cohésion entre les membres, la structure de la famille et les rôles familiaux) et, d’autre part, les difficultés d’apprentissage des enfants a aussi été démontrée (Amerikaner et Omizo, 1984 ; Bessette, 1986). Néanmoins, la taille restreinte et l’échantillonnage de convenance limitent la portée des résultats de ces études. Il existait donc un domaine de recherche peu exploré actuellement, soit celui de l’étude de l’influence du système familial et de son fonctionnement sur le rendement scolaire de l’enfant. Cette approche systémique de la famille rejoint les principes mis de l’avant par le ministère des Services sociaux et communautaires de l’Ontario (1989) dans sa proposition d’un modèle intégré de prévention primaire des difficultés affectives et comportementales des enfants. En effet, selon cet organisme, dans la recherche en prévention primaire chez l’enfant, il est important de choisir des mesures qui évaluent « non seulement le rendement de l’enfant mais aussi son contexte familial communautaire et social » (MSSC, 1989 ; p. 108). BUT Le but de cette étude était d’explorer le lien entre le fonctionnement familial et le rendement scolaire auprès d’un échantillon d’enfants de troisième année primaire en classe régulière. [107.23.157.16] Project MUSE (2024-03-28 18...