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Les marqueurs de la fécondité au Québec Madeleine GAUTHIER et Johanne BUJOLD Institut québécois de recherche sur la culture La baisse de la natalité a été retenue comme une tendance majeure dans l’étude du changement social de la société québécoise au cours des trois dernières décennies. À plus long terme, le Québec aurait participé au phénomène occidental de diminution des naissances, d’accroissement de la proportion des naissances vivantes et de la quasi-disparition de la mortalité juvénile. L’observation de l’évolution de la fécondité sur une longue période permet de décrire le phénomène et d’attirer l’attention sur des aspects qui passeraient autrement inaperçus. Elle ne suffit cependant pas à expliquer la chute radicale qui a marqué certaines périodes. Les matériaux recueillis dans le cadre de l’analyse des tendances de la société québécoise et des interdépendances entre ces dernières permettront d’illustrer l’hypothèse suivante : des « marqueurs » ont pu agir sur les divers processus entourant la fécondité1 . Il faut entendre par marqueurs des éléments nouveaux qui, renforcés par d’autres facteurs, peuvent expliquer la rapidité de la chute de la natalité. L’absence de ces marqueurs 1. Madeleine GAUTHIER et Johanne BUJOLD (1993), Les antécédents et les conséquents de la baisse de la fécondité au Québec, 1960-1990. Une analyse des interdépendances, Québec, Institut québécois de recherche sur la culture, 56 p. 92 Madeleine GAUTHIER et Johanne BUJOLD n’aurait pas empêché la baisse graduelle2 observée partout en Occident et de plus en plus dans d’autres régions du monde, mais ils ont affecté, et de manière importante, le rythme de cette baisse. L’efficacité de ces marqueurs aurait été liée à l’interdépendance d’éléments de divers ordres dont il serait difficile de déterminer le poids respectif mais qu’on ne peut ignorer. Il importe cependant de repérer les éléments déclencheurs du processus dans la panoplie des possibilités, et les conditions de leur efficacité. Les chercheurs qui ont analysé les tendances de la société québécoise3 ont repéré un certain nombre de dimensions qui peuvent avoir une quelconque relation avec la baisse de la fécondité. Celle-ci y est vue comme étant au centre d’un faisceau d’interdépendances. Comme il n’est pas possible d’établir des liens mathématiques avec tous les facteurs susceptibles d’agir sur l’une ou l’autre dimension du changement social, dans ce cas-ci sur la baisse de la fécondité, un instrument d’analyse est actuellement en expérimentation au sein du Groupe international d’analyse du changement social auquel appartient l’équipe québécoise de recherche sur les tendances sociales, soit l’analyse structurelle du changement à l’aide d’une matrice des tendances4 . L’analyse des relations entre la fécondité et les autres dimensions de la matrice des tendances permet d’observer un premier niveau de relations au titre d’antécédents ou de concomitants à la baisse de la fécondité. Parmi les 78 grandes tendances reconnues comme caractérisant la société québécoise depuis 1960, 16 comportent une relation directe avec la baisse de la fécondité, que cette relation soit positive, en renforcement, ou qu’elle soit négative, c’est-à-dire allant à l’encontre ou atténuant la portée de la tendance5 . Cette analyse matricielle se fonde sur une évaluation 2. La remontée de l’indice général de la natalité au Québec entre 1941 et 1956, ce qui constitue la période qui précède celle étudiée ici, a pu laisser croire à une attitude traditionnelle face à la fécondité alors qu’elle était due à la hausse de la nuptialité. Les comportements observés au cours des années 1960 n’ont donc pas constitué la rupture radicale par rapport au passé récent que l’on pourrait être tenté d’y voir. Jacques HENRIPIN (1968), Tendances et facteurs de la fécondité au Canada, Ottawa, Bureau fédéral de la statistique, pp. 62-63. 3. Cette étape de l’analyse a suivi l’exercice qui a donné lieu à la publication suivante : Simon LANGLOIS (sous la direction de) (1990), La société québécoise...

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