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CHAPITRE I Un journaliste débutant à la barre d’un journal renaissant 1822-1825 Quand, en 1822, l’étudiant d’hier commençait à assumer la tâche de rédacteur du Canadien, le journal, alors à sa seconde renaissance, inaugurait une troisième série de publications. À cette date, il n’y avait qu’un seul autre journal français, Le Spectateur canadien, qu’éditait Michel Bibaud. Le premier Canadien, fondé en novembre 1806, qui était la propriété conjointe de Pierre Bédard, de François Blanchet et de JosephLouis Borgias, avait poursuivi sa publication jusqu’en mars 1810, alors que les propriétaires ainsi que l’imprimeur Lefrançois furent emprisonnés par ordre du gouverneur Craig, décidé de se débarrasser de la feuille gênante. Pierre Bédard en avait été la tête dirigeante et l’ensemble des textes publiés par le journal sous pseudonymes pouvait laisser « croire que le “Parti canadien” en était le véritable propriétaire1». Le deuxième Canadien, dit « le petit », avait justement l’apparence d’un petit in-quarto de quatre pages qui parut à partir de la mi-juin 1817 pour cesser d’être publié en décembre 1819. Ainsi qu’il fut déjà signalé en introduction, c’est dans cette feuille minuscule que les collégiens Augustin-Norbert Morin et Étienne Parent avaient fait leurs débuts journalistiques. 1. Benoît BERNIER (1971). Les idées politiques d’Étienne Parent, 1822-1825, thèse de diplôme d’études supérieures en histoire, Québec, Université Laval, p. 12. Cette thèse nous a été d’une aide indispensable pour l’élaboration de ce chapitre portant sur la même période. 10 Lire Étienne Parent Un mois plus tard, le 19 janvier 1820, commençait à paraître le troisième Canadien, sous la responsabilité de Flavien Vallerand de l’Imprimerie canadienne. Etienne Parent, qu’on ira chercher aux champs deux ans plus tard, y fera sa marque pendant trois ans, de 1822 à 1825. Son éditeur dut alors prendre la décision d’en suspendre la publication pour des raisons principalement financières. Avant Vallerand, le journal avait été dirigé par Étienne Chartier ou Charretier et AugustinNorbert Morin en 1820-1821. Tandis que celui-ci allait être une des figures dominantes de la vie politique, sous l’Union, le premier, qui selon l’expression de Sulte (p. 11) était « le rédacteur ostensible » de la feuille, jouera, comme curé de Saint-Benoît, un rôle d’importance lors de l’automne fort « troublé » de 1837. En transposant l’admiration de Boileau au sujet de Malherbe : Enfin, Parent vint..., qui rendra au Canadien de 1822 une ligne de pensée faisant songer à celles qui avaient caractérisé le premier Canadien de Pierre Bédard. On le classerait aujourd’hui dans la catégorie des feuilles de pensée, bien qu’il fût aussi un « journal de lecture courante2». De sérieux problèmes d’ordre pragmatique se présentaient alors au Bas-Canada, qui ne manqueraient pas de fournir de l’abondante matière aux critiques éditoriales de l’apprenti journaliste : les questions des subsides, de la liste civile permanente pour la vie du roi, du partage entre les deux Canadas des revenus douaniers, etc. Mais, par-dessus tout, dominait déjà une matière d’importance capitale, alors en débat à Londres : le projet d’union entre le Bas-Canada et le Haut-Canada, sujet propre à entraîner l’affrontement entre la majorité française et la minorité anglaise du Bas-Canada. C’était vingt ans avant que l’Union de 1840, consécutive au Rapport Durham, ne devienne effective. D’emblée, Étienne Parent manifestera des dons peu communs d’analyste et de polémiste en traitant principalement de cette éventualité menaçante pour le destin collectif de ses compatriotes d’origine française. L’Étienne Parent de la seconde grande époque du Canadien (mai 1831 - octobre 1842) et celui de la mutation du journaliste en conférencier (1844-1852) nous sont davantage connus que celui de la phase des débuts du rédacteur attitré du célèbre journal. C’est dommage, et même doublement : d’abord pour l’intérêt spécifique que comporte l’étude de la période des commencements dans la vie de tout homme de valeur ; et aussi à cause de ce constat d’un historien, à la suite d’un examen bibliographique, qu’il n...

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