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CHAPITRE IX Les idées religieuses Des trois conférences dont l’analyse de contenu forme la matière du présent chapitre, la première, qui porte le titre « Du prêtre et du spiritualisme dans leurs rapports avec la société », présente le caractère de la plus forte densité religieuse. Les deux autres communications, portant respectivement sur le travail et la condition ouvrière, abordent aussi la question religieuse mais d’une façon pour ainsi dire dérivée du sujet principal. Toutefois, ces éléments religieux pénètrent à un point tel le sujet principal qu’il devient justifié de classer de tels propos sous la catégorie générale des« idées religieuses » d’Étienne Parent. Nous examinerons donc à la suite les conférences, intitulées « Du travail chez l’homme » et « Considérations sur le sort des classes ouvrières ». Il a déjà été mentionné qu’avec le texte traitant « De l’intelligence... », analysé au chapitre précédent, celui qui porte comme titre « Du prêtre... » constitue l’autre grande pièce de pensée d’Étienne Parent. On ne saurait en dire autant des deux dernières conférences dont nous présentons une analyse suscitant de sérieuses réserves et même de franches critiques. L’étude de l’œuvre journalistique de Parent nous avait révélé une vive sensibilité au statut de liberté de l’Église comme institution, ainsi que dans ses œuvres sociales en matière d’éducation principalement. Sous le rapport, encore plus général, de l’Église avec les pouvoirs civils, l’essayiste Parent se fera plus complet et explicite dans le cadre mieux approprié de la conférence que dans celui, plus restreint, de l’article de journal. Nous devons à l’auteur d’une thèse un relevé méticuleux des « opinions pédagogiques et religieuses » de notre auteur spécialement pendant ses années de journaliste1 . Nous estimons devoir attacher davantage d’importance au 1. Urbain BLANCHET (1965). Étienne Parent, ses opinions pédagogiques et religieuses, thèse de DES de français, Université Laval, 228 p. 216 Lire Étienne Parent phénomène de l’espèce de conversion de Parent à une certaine forme de« catholicisme social2», qui s’est produite à une époque de sa vie où il commençait justement à s’exprimer par des conférences publiques, soit entre 1846 et 1852. À lire aussi bien le conférencier que le journaliste, on sent chez Étienne Parent un être foncièrement religieux, ni théologien ni prosélyte, mais peut-être un tantinet calotin sur les bords à force de distribuer des témoignages de respect et de déférence. On a vu au chapitre précédent qu’il considérait le clergé canadien comme une« aristocratie » responsable, plus que tout autre corps organisé ou groupe social, de la survie de « notre nationalité ». Dans un milieu touché par l’incrédulité ainsi que par l’anticléricalisme, cet intellectuel proclamait sa croyance hautement, en même temps que son grand respect pour l’Église et ses ministres ; mais ce sentiment ne l’empêchait pas de critiquer la pensée religieuse officielle de son temps, mal adaptée au monde moderne du fait d’une certaine forme de spiritualisme qu’il estimait outrée. Toute sa vie, il avait été fidèle à la foi catholique en demeurant pratiquant, mais d’une foi qui ne semblait pas être celle du charbonnier, du moins selon le témoignage de son gendre, Benjamin Sulte, rappelant qu’il aurait « conservé longtemps un scepticisme qui l’inquiétait3». Le mot d’un contemporain semblerait indiqué comme exergue à la pensée religieuse d’Étienne Parent. À la nouvelle de sa mort, Hector Fabre, directeur de L’Événement, écrira : « On sentait à son contact qu’il était l’un de nous, mais aussi qu’il était plus que nous4 . » Beau témoignage d’une grandiose candeur... 1. « Du prêtre et du spiritualisme dans leurs rapports avec la société » (1848) Cette conférence5 fut prononcée à Montréal, devant les membres de l’Institut Canadien, le 17 décembre 1848. Présentant ce texte dans son 2. Selon le titre de l’étude pionnière de Fernand OUELLET, « Étienne Parent et le mouvement du catholicisme social (1848) » , Bulletin des Recherches historiques, Lévis, vol. 61, juillet-aoûtseptembre , n° 3, 1955, p. 99-118. 3. Benjamin SULTE (1928). Mélanges historiques, Montréal...

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