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La période qui s’étend de la répression des « troubles » de la fin de 1837 jusqu’aux soulèvements de l’automne 1838, également réprimés, constitue la principale charnière de l’évolution politico-constitutionnelle des Bas-Canadiens au siècle. En un schématisme chronologique davantage enveloppant, on risquerait de dire qu’un tiers de siècle y préparait (depuis Craig, Bédard et le premier Canadien, etc.) et que presque un tiers de siècle subséquent conduira, par suite de la constatation hâtive des insuffisances du régime de l’Union, au nouveau régime fédéral de 1867, qui sera improprement nommé la « Confédération ». C’est dire aussi le soin particulier qu’il faut continuer de prendre afin de ne pas étendre démesurément ce chapitre : soit ne pas nous laisser absorber par l’importance capitale de ce tournant historique de la fin des années 1830, non plus que par l’envergure de l’homme que la capitale impériale avait mandaté pour être à la fois l’indispensable enquêteur et proposeur des réformes à venir. À travers la trame bien fournie d’une phase historique, particulièrement courte mais combien turbulente, nous allons continuer à suivre les réflexions et commentaires toujours vifs et assidus d’Étienne Parent. On sera à même de discerner certaines sinuosités de sa pensée critique tentant de sauver ce qui pouvait encore l’être, et même les hauts et les bas d’un moral mis â dure épreuve par les conséquences difficilement rattrapables d’un pareil enchaînement d’événements désastreux. CHAPITRE V Devant un « dictateur » à la romaine avec le faste d’un despote oriental 1838 82 Lire Étienne Parent Si, au plan de la capacité perceptive et de la cohérence de son intellect, Étienne Parent ne peut guère être pris en défaut, par ailleurs sa fibre morale semble avoir été attaquée par moments mais sans qu’il ne s’abandonne définitivement à une résignation fataliste. On verra au chapitre suivant comment, à partir d’un moral fort bas après avoir subi le plus absurdement injuste des emprisonnements, il saura se ressaisir à point nommé. I Le rédacteur du Canadien s’était déclaré d’emblée favorable au principe de la mission Durham et de la forte personnalité de son responsable. Avant l’arrivée du célèbre lord, il demande au peuple de l’accueillir comme il convient et de faciliter sa tâche en cette occasion unique, « la dernière peut-être, que nous aurons d’échapper à la ruine ». Parent s’applique d’abord à rassurer ses compatriotes sur ses antécédents. De l’espèce de despote attendu pour régler une situation à ce point détériorée, il écrit en une formule paradoxale : « Nous n’avions pas prévu que ce despotisme se présenterait sous une forme aussi bénigne et avec des espérances aussi encourageantes. » Acceptons-le « de bon cœur » pour qu’à « l’état de choses provisoires qu’on nous présente » succède sans tarder « le gouvernement libre qu’on nous promet1 » . Difficile d’être mieux disposé envers cet homme se classant selon Parent « dans la nuance whig-libérale2 » , et reconnu pour son intégrité et l’expérience qu’il avait tirée de crises comparables observées ailleurs3 . 1. Louis NOURRY (1971). La pensée politique d’Étienne Parent : 1831-1852, thèse de doctorat, Université de Montréal, p. 396, 397 ; Le Canadien, 21 mars 1838. À qui s’étonnerait de cette attitude euphorique d’Étienne Parent, voici comment le poète François-Xavier Garneau, alors âgé de vingt-neuf ans et qui n’avait pas encore trouvé sa vocation d’historien national, saluait la venue du noble comte. Sous le titre de « À Lord Durham », trois pleines pages de vers de mirliton (parus dans Le Canadien du 8 juin 1838) et dont voici de courts extraits : Salut à toi, Durham, au caractère fort, Et sois le bienvenu parmi les fils du Nord, Toi qui marche toujours droit, grand dans la carrière, Qui n’a jamais fléchi, ni regardé derrière ! ...................................................... Sur ce grand continent le Canadien sera Le dernier combattant de la vieille Angleterre. ...................................................... À ce serment sacré, resté loi de l’empire Et que rien ici-bas ne peut rompre ou détruire. 2. Le Canadien, 14 mars 1838. 3. En Irlande, en...

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