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Introduction
- Presses de l'Université du Québec
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Introduction Si l’on en croit la tradition universitaire, les conventions collectives et de nombreux témoignages, les professeurs des universités du Québec remplissent des tâches d’enseignement, de recherche, de services à l’intérieur et à l’extérieur de l’université, ainsi qu’une fonction de promotion de leur institution d’appartenance auprès de leur communauté scientifique et de leur milieu socioculturel1 . Au Québec, le thème du travail professoral et les questions controversées de la charge temporelle et de l’importance relative des diverses composantes du travail des professeurs des universités ont été portés à l’attention de l’opinion publique au cours des dernières années par les recommandations chocs du Rapport Gobeil, par les positions contradictoires prises à ce sujet par différents intervenants lors de la Commission parlementaire de 1986 sur les orientations et le financement des universités, par les « questions et défis » posés au monde universitaire par le journaliste Laurent Laplante, par le Rapport Archambault, par le Rapport Smith et par le dossier des chargés de cours. Durant l’été 1986, après avoir déploré le coût élevé de l’enseignement supérieur, le Comité Gobeil recommandait d’augmenter de 50 % la charge de travail des professeurs d’université, en accroissant d’autant leur tâche d’enseignement ; il ne s’est pas alors donné la peine de distinguer l’enseignement des autres tâches et de dégager les conséquences éventuelles d’une telle proposition, ni d’ailleurs d’en fournir une justification serrée. Une telle politique devait permettre au gouvernement, selon ce Rapport, de faire une économie de 135 millions de dollars2 . Quelques mois plus tard, lors de la Commission parlementaire sur les orientations et le financement des universités, l’Intersyndicale des 2 Introduction professeurs des universités du Québec fit une critique sévère du Rapport Gobeil et rappela la richesse, la complexité et la lourdeur des tâches des professeurschercheurs , se portant ainsi, bien qu’indirectement, à la défense des modes actuels d’organisation de leur travail. Mais, à la même occasion, après avoir déploré la mauvaise gestion des universités et mis en doute la productivité du travail des professeurs et la qualité de leurs services, des associations étudiantes demandèrent publiquement un resserrement des mécanismes d’évaluation du travail des professeurs et l’abolition de leur permanence. Enfin, bien que posant chacun leur diagnostic, le Fonds pour la formation des chercheurs et l’aide à la recherche (FCAR), le Conseil des universités et le Conseil du patronat du Québec en vinrent tous trois lors de leur présentation à réclamer une modulation plus efficiente des tâches des professeurs3 . En 1988, dans un ouvrage publié par l’Institut québécois de recherche sur la culture, le journaliste Laurent Laplante déplorait la « confusion » de la mission universitaire et l’absence d’une distinction claire entre la mission des institutions universitaires et la description des tâches des professeurs. Une meilleure connaissance de l’organisation du travail et un accroissement de la productivité des professeurs d’université sont, selon lui, des conditions préalables à un financement plus adéquat et à un développement mieux équilibré du système universitaire du Québec. Il concluait en reprenant à son compte, dans le style coloré et polémique qu’il affectionne, la thèse d’une nécessaire modulation des tâches des professeurs des universités québécoises4 . Entre-temps, durant l’été 1987, le ministre Claude Ryan avait constitué un comité ministériel de travail, lui donnant comme mandat de faire le point sur le travail des professeurs des universités québécoises. Publié en avril 1989, le rapport de ce comité, présidé par André Archambault, permit, entre autres, de faire une analyse de chacune des tâches et de comparer le temps de travail des professeurs des universités du Québec et de l’Ontario. Il nous a appris que les professeurs des universités québécoises travaillent en moyenne au moins 45 heures par semaine, soit globalement le même nombre d’heures que leurs collègues ontariens, mais que leur tâche d’enseignement est plus faible et rigide ; il recommandait, en conséquence, aux parties les plus directement concernées, professeurs, institutions et syndicats, de poursuivre la réflexion sur la modulation des tâches des professeurs5 . Publi...