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La gestion des ressources humaines dans le management des ressources technologiques Jacques MORIN Le management des ressources technologiques Le ralentissement de la croissance économique, combiné au fait que, comme à certains autres moments de notre histoire, nous traversons une période de fortes turbulences technologiques, nécessite de la part des entreprises une pugnacité nouvelle qui doit se traduire par un rajeunissement permanent de leurs avantages concurrentiels, des stratégies souples de différenciation et la mobilisation de toutes leurs ressources. Et singulièrement, figurent parmi ces ressources, les ressources technologiques, c’est-à-dire l’ensemble des moyens matériels (outils, méthodes, brevets, etc.) ou immatériels (connaissances scientifiques et techniques, savoirfaire , etc.) dont l’entreprise dispose, ou qui lui sont accessibles pour concevoir, fabriquer, commercialiser, et facturer ses produits et services. De plus, ces ressources assurent le fonctionnement et la gestion de tout un ensemble de fonctions-achats, logistique, finance, distribution, information, marketing et recherche. En effet, la technologie (art de mettre en oeuvre les sciences et les techniques à des fins économiques) est souvent aujourd’hui le principal et parfois même le seul facteur susceptible d’améliorer de façon décisive la compétitivité de l’entreprise, par son action sur les coûts, les performances ou la qualité. En outre, elle peut lui permettre d’accéder à de nouveaux marchésproduits qui assureront sa pérennité. Mais lorsque la technologie devient un facteur essentiel de compétitivité, c’est aussi à ce moment où le système technique atteint un niveau considérable de complexité et où l’environnement scientifique et technique est le plus turbulent, le plus difficile à saisir. 142 Jacques MORIN Aussi, le véritable défi technologique se situe probablement moins dans la capacité des entreprises à « inventer » que dans celle du management à vraiment intégrer la dimension technologique dans ses préoccupations afin d’être en mesure de détecter, en temps voulu, les menaces les plus graves auxquelles elle doit trouver réponse, les axes d’innovation à privilégier, la nature des opportunités qu’elle doit être prête à saisir. Le management doit également être en mesure d’adapter les comportements de l’entreprise à la variété des changements qui lui seront inévitablement imposés. Or, bien que la technologie soit devenue un des facteurs décisifs de la compétitivité et du développement de l’entreprise, et de plus en plus reconnue comme telle, elle a été, et reste encore, le parent pauvre des méthodes de management. Par voie de conséquence, elle n’est pas au premier rang des préoccupations des dirigeants des entreprises occidentales dont l’attention, au cours des dernières décades, a été focalisée sur le couple marketing-finances. Dans de telles conditions, la maîtrise de la technologie et celle de la mutation que doit opérer l’entreprise constituent, pour son management, de redoutables challenges. Les entreprises doivent être en mesure de mieux faire face aux situations créées par l’évolution du « système technique » et, pour cela, elles doivent redonner à leurs ressources technologiques la place qui leur revient dans les préoccupations de leurs dirigeants, auprès des ressources financières, du marketing, et plus récemment, des ressources humaines. C’est pourquoi nous avons proposé dans L’excellence technologique (19851988 ; éd. Jean Picollec) que s’instaure un véritable management des ressources technologiques (MRT) fondé sur la mise en œuvre permanente de six fonctions clés : Optimiser, Enrichir, Sauvegarder le patrimoine technologique et, à cet effet, l’Inventorier, l’Evaluer, le Surveiller. Optimiser, c’est-à-dire chercher à employer, au mieux de leur potentialité, toutes les ressources technologiques de l’entreprise ; non seulement les brevets, les procédés, les outils, les méthodes, les informations, mais aussi les compétences et expertises non formalisées ainsi que leurs synergies possibles, dans tous les domaines de la vie de l’entreprise. Enrichir, en veillant à accroître, au moins à maintenir, la valeur du patrimoine technologique. À cet égard, si la recherche apparaît comme un vecteur privilégié, il ne faut pas sous-estimer d’autres voies, souvent moins risquées, offertes par les acquisitions sur le marché de la technologie et, de façon générale, par le partenariat technologique. [18.119.131.72] Project MUSE (2024-04-25 10:27 GMT) La gestion des ressources humaines 143 Sauvegarder, notamment par une véritable politique de propriété industrielle qui permette de défendre les territoires technologiques...

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