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Introduction
- Presses de l'Université du Québec
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Au moment d’écrire ces lignes, Barcelone, capitale de la Catalogne a déjà été choisie ville hôte des prochains Jeux olympiques de 1992. Cette même année, l’Europe franchira une nouvelle étape, cruciale, dans l’établissement d’un marché commun unique. Les biens et les personnes pourront circuler librement d’un pays à l’autre. Au même moment, le débat fait rage, au Québec comme au Canada, sur le projet de libre-échange entre le Canada et les États-Unis. Trois ans auparavant, une équipe multidisciplinaire de chercheurs catalans et québécois avait décidé d’organiser un symposium sur les perspectives d’avenir des petites sociétés enclavées, des nations qui ne disposent pas de la totalité du pouvoir d’État – comme le Québec et la Catalogne –, en s’interrogeant sur divers aspects de leur histoire au cours du dernier quart de siècle, de 1960 à 1985. Autonomie et mondialisation, tel a été le thème retenu. Cette problématique étant plus que jamais d’actualité, nous avons cru nécessaire de soumettre le résultat de nos travaux au grand public. Cette étude comparative et multidisciplinaire de la société catalane et de la société québécoise contribuera, nous l’espérons, à une meilleure compréhension des défis qui confrontent les petites nations, à une époque où les enjeux s’internationalisent de plus en plus. L’approche comparative retenue a ses limites, bien entendu. Mais elle s’avère suffisamment productive pour justifier qu’on y recoure. Dans la mesure où elle évite les assimilations ou les oppositions faciles et rapides, la méthode comparative permet une distanciation de sa propre réalité nationale et une compréhension en retour plus attentive et plus critique des évidences Introduction Gaëtan Tremblay Université du Québec à Montréal du sens commun. En ce sens, l’étude de la situation catalane peut conduire les Québécois à une meilleure intelligence de leur propre situation, et inversement pour les Catalans. La multiplicité des approches disciplinaires convoquées dans cette étude autorise une compréhension globale de la société québécoise et de la société catalane. Elle convient bien à une première approche de la réalité de l’autre, à une saisie du « fait social total ». Nous souhaitons qu’elle conduise le lecteur, comme ce fut le cas pour les participants, à un approfondissement qui ne peut se faire que par un contact direct et par la fréquentation d’autres œuvres. Les textes contenus dans cet ouvrage constituent les Actes de ce symposium, tenu à Montréal en avril 1987. C’était la deuxième rencontre du genre entre ces deux équipes de chercheurs. La première avait eu lieu à Barcelone, en mai 1985, et les Actes en ont été publiés sous le titre QuébecCatalogne : deux nations, deux modèles culturels. Le symposium de Montréal a été organisé sensiblement sur le même modèle que celui de Barcelone : une dizaine d’ateliers sur divers aspects de la réalité (histoire, économie, sociolinguistique, politique, littérature, communications, etc.) où un chercheur catalan et un chercheur québécois étaient invités à tour de rôle à présenter l’état de la situation dans leur pays respectif ; ces deux communications étant chaque fois suivies d’une période de discussion. Certaines améliorations ont toutefois été apportées à la formule de Barcelone. Premièrement, les textes ont tous été produits avant le symposium et soumis à des rapporteurs, à qui on a demandé de faire ressortir les points de comparaison et de divergences entre les deux perspectives, et de lancer le débat en soulevant quelques questions. Cette procédure, renforcée par le fait que les participants – essentiellement les mêmes qu’à Barcelone – se connaissaient mieux et disposaient des éléments de base nécessaires à la compréhension de l’autre situation nationale, a produit des débats mieux centrés et plus approfondis. Compte tenu du rôle essentiel joué par les rapporteurs, nous avons intégré leur intervention à cet ouvrage, lorsque la version écrite en était disponible. Les revendications autonomistes des petites sociétés enclavées Nous avons longuement cherché une expression appropriée pour qualifier les sociétés qui, comme le Québec et la Catalogne, ont une forte conscience de leur histoire et de leur identité nationale, dont la langue est minoritaire à l’intérieur de l’entité politique et g...