In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

Autonomie politique et conflit linguistique en Catalogne de 1976 à 1987 Mila Segarra i Neira Université autonome de Barcelone L’auteur analyse la situation sociolinguistique en Catalogne depuis la mort de Franco. La coexistence de deux langues sur un même territoire a posé et continue de poser des problèmes considérables pour la survie de la langue catalane. Après un bref rappel historique, elle passe en revue critique les différentes lois linguistiques adoptées par la Catalogne depuis 1975 et elle trace un bilan du processus de normalisation linguistique et de recatalanisation de la société depuis l’avènement d’un régime démocratique en Espagne. Introduction En Catalogne, une communauté autonome dans l’État espagnol, deux langues coexistent en ce moment, l’une propre – le catalan – et l’autre imposée – l’espagnol ou castillan1 . Toutes les deux sont officielles, d’après le Statut de la Catalogne (1979), qui, cependant, ne reconnaît en tant que propre à son domaine d’action que la langue catalane. Cette langue, forgée sur son territoire, a connu une expansion pendant le Moyen Âge, lorsque la Catalogne était une nation indépendante parmi les nations européennes, dans d’autres territoires, avec lesquels la Catalogne 1. En Catalogne il y a un seul territoire qui n’a pas le catalan comme langue propre, c’est la Val d’Aran, un territoire incorporé à la Catalogne vers l’an 1050, où on parle un dialecte gascon, l’aranais. forme aujourd’hui une communauté linguistique – mais non politique – que quelques-uns appellent carrément les Pays catalans2 et d’autres, sans vouloir se compromettre, baptisent de la formule euphémique « territoires de langue catalane ». Le catalan, donc, est parlé aujourd’hui dans des territoires qui appartiennent à quatre États différents : la Catalogne, le Pays valencien ou Communauté valencienne3 , les îles Baléares et la frange orientale de l’Aragon4 dans l’État espagnol : la Principauté de l’Andorre, les régions qui forment la Catalogne Nord dans l’État français (le Rousillon, la haute Cerdagne, le Conflent, le Vallespir et le Capcir5 ) et la ville d’Alguer dans l’île de Sardaigne, qui appartient à l’État italien. À la fin du XVe siècle, un processus de recul linguistique commence; c’est un processus qui, avec des hauts et des bas et une incidence inégale, a fait son bout de chemin et s’est intensifié pendant ces dernières décennies. Les causes historiques, politiques et sociales de ce phénomène sont diverses, ne coïncident pas toujours et sont difficiles à circonscrire. Parmi les plus lointaines, il faut signaler la fin de la dynastie autochtone et l’intronisation de la dynastie castillane par le Compromis de Casp (1412), qui eut comme effet la castillanisation de la cour et de l’aristocratie (surtout la valencienne); l’union politique avec la Castille, qui isola politiquement et culturellement la Catalogne des autres territoires de langue catalane; l’énorme prestige et la diffusion de la littérature castillane, après la découverte de l’Amérique, qui condamna de nombreux écrivains catalans au silence ou au changement de langue; la mutilation de la Catalogne par le Traité des Pyrénées (1659), qui livra les domaines du Nord à la politique « linguicide » des Bourbons d’abord et de la Révolution française plus tard (1789); et, finalement, la perte du 2. Voir : FUSTER, J. et al., Els Països Catalans : un débat obert, València, Eliseu Climent, Editor, 1984. 3. La dénomination Communauté valencienne, reconnue par le Statut d’autonomie (1982), supposa un accommodement à un prétendu problème de noms – mais avec des connotations politiques et idéologiques indéniables – qui opposa vivement, dans la société valencienne de la transition, les partisans de l’existence d’un Pays valencien parmi les Pays catalans (les groupes nationalistes) et les défenseurs d’un « Royaume de Valence » dans « l’unité indestructible des peuples de l’Espagne » (la droite espagnoliste). (Voir : FUSTER, J., Pais Valencià, per què ?, València, Eliseu Climent, Editor, 1982. 4. « La Communauté autonome de l’Aragon » (1982) forma avec la Catalogne, du Moyen Age à 1715, une entité politique – une confédération d’états indépendants avec un seul souverain –, qui reçut le nom de Couronne d’Aragon. On y parle aujourd’hui trois langues différentes : l’aragonais, dans les vallées des Pyrénées, l’espagnol et le catalan, parlé par pr...

Share