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La politique québécoise en matière de communications (1960-1986) : de l’affirmation autonomiste à la coopération fédéraleprovinciale1 Gaëtan Tremblay Université du Québec à Montréal C’est sous un gouvernement libéral que le Québec a posé, de 1970 à 1976, les jalons d’une véritable politique nationale de communications à saveur autonomiste et à tendance sociale-démocrate. Cependant, avec le jugement de la Cour suprême du Canada sur la câblodistribution qui affirme, en 1977, la compétence du gouvernement fédéral en matière de communications, le Québec doit réviser ses stratégies. Et, ironiquement, c’est sous le gouvernement autonomiste et social-démocrate du Parti québécois que, dans les années 80, la politique des communications québécoise devient plus libérale et se préoccupe davantage d’économie que de culture, de coopération fédérale-provinciale que d’autonomie. Je me propose d’étudier, dans ce texte, les mutations de la politique québécoise en matière de communications, de la création d’un ministère par le gouvernement de Jean-Jacques Bertrand en 1969, devenu l’un des principaux instruments de la souveraineté culturelle du gouvernement libéral de Robert Bourassa, jusqu’au sommet socio-économique de 1983, expression de la volonté de concertation du gouvernement péquiste et du rapport conjoint sur la télévision francophone de 1985, premier indice d’une nouvelle ère caractérisée par la collaboration fédérale-provinciale. 1. Ce texte a fait l’objet d’une première publication dans la revue Communication, vol. 9, n° 3. Nous remercions la rédaction d’en autoriser la reproduction ici. À travers une série de documents officiels – Le Québec, maître d’œuvre d’une politique des communications sur son territoire (1973) ; Bâtir l’avenir (1982) ; Le virage technologique (1982) ; Les communications au Québec : un futur simple (1983) ; Rapport du sommet socio-économique sur les communications ; Rapport du comité fédéralprovincial sur la télévision francophone ; les rapports annuels du ministère des Communications de 1970 à 1985 ; etc. –, j’analyserai les transformations de la conception du rôle de l’État québécois dans le domaine des communications et l’évolution de la thématique officielle dans ce secteur. J’évoquerai l’influence d’un certain nombre d’événements et de facteurs pouvant expliquer ces mutations : — la guerre du câble et le jugement de la Cour suprême du Canada en 1977 ; — le référendum de 1980 ; — la crise économique des années 80 et le déficit budgétaire de l’État ; — les progrès de la technique en matière d’informatique, de télécommunication et de télématique ; — les pressions en faveur de la déréglementation et du libre- échange ; le néo-libéralisme américain. Mon hypothèse centrale est la suivante : d’une revendication de souverainet é totale en matière de communications et d’une conception accordant un rôle central à l’État dans le développement de ce secteur, on est passé, en quelque 15 ans, à un abandon des prétentions de juridiction provinciale en ce domaine et à une politique de collaboration et de concertation où l’État s’oriente vers un rôle de support des autres acteurs du système de communications . Dans le même temps, la thématique officielle s’est déplacée de la culture à l’économie. De 1969 à 1986, la politique québécoise en matière de communications est passée de l’affirmation autonomiste à la coopération fédérale-provinciale et d’une attitude interventionniste à un retrait progressif de l’État. En ce qui concerne le thème central de ce symposium – la dichotomie « autonomie et mondialisation » –, il faut spécifier dès le départ que, tout au long de cette période, les préoccupations en matière de souveraineté n’ont jamais exclu une certaine volonté de présence sur la scène internationale. Mais on peut dire que la courbe d’évolution va d’un accent sur l’autonomie à la prédominance de la mondialisation, cette dernière comprenant trois aspects : l’intégration dans le système canadien, l’ajustement aux pressions nord-américaines et l’adaptation à la concurrence internationale. D’un point de vue politique, la période 1960-1986 pourrait être segmentée...

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