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Politiques de communication en Catalogne. Dix ans de démocratie (1976-1986) Miguel de Moragas Spà Université autonome de Barcelone Les espaces de communication que la Catalogne s’aménage, telle la chaîne de télévision TV3, demeurent soumis aux normes de l’État espagnol. Dans un contexte international de déréglementation, les politiques nationales de communication visent surtout à protéger les cultures nationales de l’influence croissante des multinationales. Les nations sans État comme la Catalogne, qui représentent des cultures régionales, sont exclues de ce processus et se trouvent ainsi marginalisées sur le plan international. La décennie que nous analysons (1976-1986) se caractérise par une transformation profonde et accélérée du système de communication dans le monde entier, et surtout dans le bloc des pays développés. Cette transformation s’est développée selon deux lignes de force : l’une prend son origine dans les pays de pointe – en particulier les États-Unis – qui dirigent le développement scientifique, économique et technologique du reste du monde ; l’autre est issue des besoins concrets d’adaptation aux circonstances historiques et aux forces sociales de chaque société. Cette décennie représente une période très importante dans l’histoire de l’Europe et de la Catalogne plus particulièrement, à cause de la fin de la longue dictature franquiste en Espagne, de la normalisation démocratique, de la récupération des institutions politiques catalanes (la Generalitat de Catalunya) et du début de la normalisation linguistique et culturelle. Tous ces éléments historiques font de la Catalogne un laboratoire important pour l’analyse des relations entre la société et les médias. L’expérience de la Catalogne, cette « nation sans État », en matière de communication, fait apparaître toute la complexité du développement des médias en démocratie, soulignant leurs possibles apports mais révélant aussi quelques-unes de leurs principales contradictions. Ainsi, dès les premières étapes de la transition démocratique, on a pu observer que les libertés formelles de la démocratie ne touchaient que quelques aspects et institutions du système de communication. En accédant au pouvoir, les forces démocratiques se virent obligées, de novembre 1975 à juin 1976 (mort de Franco et premières élections législatives) de changer leurs modèles de communication, de résistance et de clandestinité, par de nouvelles formes de politiques de communication. Mais il est vrai également que de nombreuses sphères et fonctions du système de communication en vigueur pendant la dictature furent conservées telles quelles. Mais les conditions économiques – la structure de propriété des médias – n’étaient pas les seules à imposer leur logique à la politique de communication. Les nouvelles propositions démocratiques d’accès et de contrôle des médias, surtout de la télévision publique monopolisée, étaient aussi concomittants du développement de la logique et de la propagande internationale qui exprimaient un besoin de changement en faveur de la déréglementation et de la privatisation des moyens audiovisuels. Les premiers pas vers le contrôle démocratique de la Radio et Télévision Publiques (RTVE) coïncidaient avec l’apparition des télécommunications dont le contrôle non seulement échappait à la classe politique, mais passait inaperçu dans la presse. De plus, le renoncement de l’État à la presse publique (25 journaux de l’ancienne chaîne du « Movimiento » fermaient ou étaient vendus aux enchères publiques) répondait à la volonté du gouvernement de contrôler la radio et la télévision publiques, cette dernière en tant que monopole. La réappropriation par les journalistes de leur liberté professionnelle était, quant à elle, contrecarrée par la logique du contrôle de la propriété des médias. Changement démocratique : entre les politiques nationales et les politiques gouvernementales de communication Le domaine de la communication est un champ privilégié pour étudier l’une des principales tensions de la transition démocratique en Espagne, soit la résistance de l’État à satisfaire les revendications autonomistes exprimées par les différents peuples d’Espagne (Catalogne, Euskadi, Galice). Face à cette revendication politique, l’État a consenti quelques juridictions en 248 Chapitre 14 [3.17.173.165] Project MUSE (2024-04-26 04:06 GMT) matière de communications, mais celles-ci n’ont pu se concrétiser...

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