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C’est parla mobilisation populaire et la cristallisation des projets sociaux des classes populaires que les petites sociétés peuvent développer leur autonomie face à l’impérialisme. Le Parti québécois, qui devait réaliser le projet autonomiste, a engendré des désillusions et de la démobilisation, laissant ainsi la voie ouverte à l’hégémonie de l’idéologie néo-libérale, sans que des projets de rechange puissent la contrecarrer. Pour éviter que l’État ne devienne un appareil de transmission des contraintes dictées par le capital international, comme c’est le cas actuellement, l’auteur estime que les classes populaires doivent assurer leur représentativité politique et développer un nouvel internationalisme qui leur permettra de briser leur isolement. L’intérêt, dans le monde autant que dans les ensembles nationaux concernés, pour la survie et le développement des petites sociétés, comme sociétés spécifiques et vivantes (non pas seulement folklorisées), semble très réduit et dévalorisé dans le contexte actuel de mondialisation. Pourtant, le problème des sociétés enclavées, minoritaires, dominées..., demeure bien réel. Ce problème concerne la possibilité pour ces sociétés d’être autonomes, de poursuivre leur spécification et de contrôler leur propre développement. Si, dans le contexte de mondialisation et d’internationalisation, ce problème concerne également les États-nations, on constate qu’il se pose avec une grande acuité pour les sociétés minoritaires dans des ensembles nationaux. Les petites sociétés ont-elles un avenir ? Jean-Guy Lacroix Université du Québec à Montréal Au cours des trois dernières décennies, cet enjeu sociétal s’est posé avec beaucoup d’intensité au Québec. Avec l’arrivée au pouvoir des libéraux de Robert Bourassa, malgré que la question nationale fasse l’objet d’un désintérêt certain dans la population, que la plupart des partis politiques et des politiciens la considère comme réglée et que les médias se fassent l’écho de ce sentiment1 , ce problème se pose avec encore plus de force. La position constitutionnelle très fédéraliste et l’approche carrément néo-libérale du parti de M. Bourassa ne sont pas étrangères à ce fait. Pourtant, le Parti libéral du Québec (PLQ) ne fait que succéder au Parti québécois (PQ) dans cette voie. En effet, bien que ce dernier avait un programme et un projet autonomistes, qu’il fut porté au pouvoir par les forces populaires et que son arrivée à la tête de l’État québécois provoqua une grave crise d’unité nationale au Canada, la gestion sociale qu’il pratiqua ne favorisa que très timidement l’autonomie du peuple québécois, tout en lui imposant la vision néo-libérale des rapports sociaux2 . Ce n’était pas la première fois que les Québécois élisaient un gouvernement autonomiste. Du Parti national de Mercier en 1886, en passant par l’Union nationale de Duplessis en 1936 puis en 1944, les libéraux de la Révolution tranquille de 1960 à 1966 et finalement le Parti québécois de René Lévesque en 1976, la question de l’autonomie du peuple québécois et de la nation québécoise fut posée par de larges mobilisations populaires, qui portèrent au pouvoir d’État provincial des formations politiques nationalistes. Ces expériences autonomistes de gestion sociale, toutes aussi incompl ètes et détournées les unes que les autres, constituèrent toutefois des jalons de la spécification de la société québécoise. En effet, au cours de chacune de ces expériences furent créés des institutions et des appareils, furent posés des gestes législatifs, qui se révélèrent déterminants de la particularité de la société québécoise dans la formation sociale canadienne et qui produisirent et reproduisirent ainsi la fragmentation de celle-ci. Il est important de souligner que ces initiatives ayant spécifié la société québécoise furent toutes soudées à des mobilisations populaires et à la cristallisation de projets sociaux. La reproduction de la particularité et de l’autonomie des États-nations autant que des petites sociétés semble donc poser le problème, comme...

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