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Le stress et la santé des femmes cadres un premier bilan Jean-Fançois CHANLAT Depuis une vingtaine d’années, la problématique de la femme au travail a suscité un grand nombre de travaux. Dans la foulée de la féminisation du marché du travail et des nombreux problèmes vécus par les femmes sur le plan professionnel, l’arrivée des femmes à des postes d’encadrement, de direction et de conseil, postes jusque là fortement masculinisés, n’a pas manqué aussi d’éveiller l’intérêt de nombreuses chercheures. Si la plupart des auteurs de ces recherches ont tenté non seulement de cerner l’ampleur de ce phénomène mais aussi de mieux étudier le cheminement de carrière des femmes cadres et les principaux obstacles auxquels elles pouvaient être confrontées (Brown, 1982 ; Davidson, Cooper et Chamberlain, 1980 ; Cooper et David- son, 1980, 1983 ; Harel-Giasson et Marchis-Mouren, 1981, 1986 ; Henning et Jardim, 1979 ; Huppert-Laufer, 1982 ; Kanter, 1977 ; Larwood et Wood, 1979), en revanche, beaucoup moins nombreuses sont les personnes qui ont cherché à s’intéresser à leur santé. Plusieurs raisons expliquent le sous-développement actuel de la recherche dans ce domaine. Tout d’abord, le caractère récent de cette ascension féminine vers les postes de direction. Ensuite, le peu d’intérêt qui a été porté jusqu’à présent à la santé des femmes au travail en général, à l’exception bien sûr des nombreuses études portant sur les travailleuses enceintes (De Koninck et Saillant, 1981 ; Haw, 1982 ; Stellman, 1983 ; Clarke, 1983 ; Saillant, 1985). Enfin, la difficulté de trouver des statistiques de morbidité et de mortalité relatives aux femmes puisque, dans la plupart des pays lorsque de telles statistiques existent, les femmes sont souvent regroupées sous la profession de leur mari (Chanlat, 1983 ; Desplanques, 1984 ; Hart, 1978 ; Wilkins et Adams, 1983) . Si la santé des femmes en général et celle des femmes cadres en particulier n’ont pas suscité un intérêt débordant jusqu’à la fin des années 70, on observe depuis le début des années 80 un développement des recherches dans ce sens. L’importante poussée des femmes sur le marché du travail et notamment des femmes cadres, de même que les revendications féminines et la popularité des recherches sur le stress au travail ne sont pas sans expliquer ce nouvel engouement pour la santé des femmes cadres. L’objet de cette communication se propose donc de faire, à partir des données occidentales disponibles tant en anglais qu’en français, un premier bilan de l’état de santé des femmes cadres dans les pays industrialisés. Pour ce faire, nous commencerons par un bref rappel de la féminisation des postes d’encadrement, de direction et de conseil. Nous aborderons ensuite, à partir des indicateurs de santé disponibles, l’état de santé des femmes cadres proprement dit. Dans un troisième temps, nous nous attarderons à identifier les principales sources de stress qui peuvent affecter la santé des femmes cadres. Enfin, en guise de conclusion, nous tenterons de dégager quelques pistes de recherches pour l’avenir. 338 Jean-François CHANLAT 1. « À L’ASSAUT DU SOMMET » OU LA PRÉSENCE CROISSANTE DES FEMMES DANS LES PROFESSIONS D’ENCADREMENT, DE DIRECTION ET DE CONSEIL Même si le pourcentage de femmes occupant des postes d’encadrement, de direction et de conseil est encore inférieur à la proportion féminine dans la population, il reste que les dix dernières années ont été marquées, dans plusieurs pays occidentaux , par une augmentation importante des femmes à ces postes. Comme le montre le tableau 1, le taux de féminisation du personnel des professions scientifiques, techniques, libérales et assimilées approche la parité dans plusieurs pays, et la progression dans les postes de direction, à l’exception du Japon où il reste faible et constant, a doublé au Canada, voire même plus que doublé dans le cas de la Suède ou augmente sensiblement dans le cas des États-Unis. Au Québec, comme l’indique le tableau 2, on observe la même tendance. Si l’on prend maintenant les chiffres les plus récents dont nous disposons, on constate, comme en témoigne le tableau 3, que les femmes constituent entre 41 et 52 % du personnel des professions scientifiques, techniques, libérales et assimilées dans plusieurs pays industrialisés...

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