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Style professionnel et accidentabilité Guy KARNAS, P. SALENGROS, F. MESTDAGH et C. Van de I.EFMPUT 1. TYPES D’ACCIDENTABILITÉ L’accident est objet d’étude depuis longtemps, en fait depuis que la réparation incombe, presque exclusivement à l’employeur, soit directement soit par le biais de ses assurances. L’étude des accidentés eux-mêmes a emprunté trois voies principales, parfois traitées isolément, parfois en interaction : – Le volet statistique vise à analyser les variations introduites dans les taux (fréquence, gravité, risque) par les modifications organisationnelles ou conjoncturelles : l’état économique du marché, tout comme la mécanisation et ses prolongements (robotisation, ...) conduisant à l’évaluation d’un travailleur abstrait qui semble réagir à des règles déductibles de l’état de l’environnement. – Le volet comportemental aproche le travailleur de manière plus individuelle et vise à analyser ses réactions à l’occasion de modification organisationnelles limitées ou à l’occasion d’expériences ad hoc : l’influence des affiches de sécurité, le caractère systémique du travail, les expériences d’inspection des travailleurs à leur insu, concourent à une connaissance plus concrète de l’homme dans sa singularité : c’est ici encore le domaine où l’on voit s’exprimer la psycho-sociologie du travail, soit les interactions du travailleur et de l’environnement humain, le management, la direction, ... – Le troisième volet investigue enfin la relation entre l’homme et sa personnalité, ses caractéristiques intellectuelles et ses habiletés : c’est là le domaine de la psychopathologie individuelle qui est toujours difficile de mettre en évidence lors des enquêtes postérieures aux accidents. On parle ici de prédisposition ou d’accidentabilité, rattachant ainsi l’événement accidentel à une volonté plus ou moins consciente des polyaccidentés de se retrouver dans de telles situations. Cette conception est fondée. nous semble-t-il, sur une constatation à partir de laquelle est établie une interprétation hasardeuse. S’il est en effet vrai que certaines personnes peuvent être qualifiées de « polyaccidentées » de par la fréquence des accidents dont elles sont victimes, doit-on pour autant parler de prédisposition ou de volonté d’accident ? L’hypothèse énoncée par Marbe, nous semble à ce sujet plus pertinente. Selon lui, les blessés manqueraient d’une certaine souplesse d’adaptation. Cette souplesse jouerait un rôle important dans l’évitement d’un danger imprévu et soudain : dans la situation dangereuse, la plasticité nécessaire pour fournir une réponse adaptée serait entravée par des facteurs émotionnels ; l’homme serait brusquement dans un état de désarroi et d’affolement atteignant les fonctions régulatrices d’adaptation au milieu. 272 Guy KARNAS, F. MESTDAGH, P. SALENGROS et C. Van de LEEMPUT On assiste ainsi, en présence d’un danger, à une désorganisation du comportement voisine de la panique résultant de l’amplification du caractère dramatique de la situation. On peut aussi, comme autre postulat, souligner l’importance de l’inter-action des caractéristiques de l’opérateur avec celle des autres éléments du système. Quoi qu’il en soit, l’inventaire biographique a permis des résultats intéressants mais rarement prédictifs d’une véritable accidentabilité. C’est qu’il n’est pas facile de renverser le théorème selon lequel, si l’on trouve dans une population d’accidentés tel caractère plus fréquemment que dans une population d’indemnes, c’est que ce caract ère est prédictif de l’accident lui-même. Et même si cette assertion devait recevoir quelque validation empirique, la mise en évidence chez les sujets investigués ne manquerait pas de poser rapidement des difficultés d’application. 2. MÉCANISMES D’INTERACTION PSYCHOSOCIALE ENTRE LE TRAVAILLEUR ET SON ENVIRONNEMENT Nous pouvons cependant, au confluent de ce qui précède, conclure que l’accident implique l’idée d’un mécanisme, et que de ce fait, on ne peut parler de causalité simple mais au contraire d’une causalité multiple. Il s’agirait alors d’une combinaison entre facteurs humains sensibilisant la victime plus qu’une autre à l’accident, et de variations, bien souvent mal contrôlées, des éléments du système réagissant très probablement par interaction. De ce fait, les polyaccidentés seraient plus sensibles que les autres aux risques présents dans une situation dangereuse. L’hypothèse analysée ici...

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