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Intérêts et motivations de jeunes gens de 16-18 ans en stage de formation professionnelle
- Presses de l'Université du Québec
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Intérêts et motivations de jeunes gens de 16-18 ans en stage de formation professionnelle Denis LEMERCIER Nous poursuivons l’investigation des rapports existant entre processus cognitifs et processus motivationnels ou affectifs, lors d’un apprentissage effectué en situation réelle de formation professionnelle, ici par des jeunes de 16-18 ans en stage de préparation au C.A.P. de mécanique générale. Nous nous limitons, dans cet article, à l’étude des rapports entre motivations et intérêts. Des publications ultérieures nous permettront de les mettre, les unes et les autres, en relation avec l’apprentissage de la structure et du fonctionnement d’une machine-outil. Nous essayons ainsi de contribuer à l’étude de la personnalité prise dans le sens de l’être total (Wallon, 1956) , ou même plus précisément « comme produit de l’intégration — c’est nous qui soulignons — des processus qui réalisent les rapports vivants du sujet » (Leontiev, 1984). Concernant les intérêts, S. Larcebeau (1982) a réalisé une étude qui reflète, pour une part, nos préoccupations quant à ce qu’ils ont de spécifique en regard des buts et des motivations d’une activité. Concernant les motivations Nuttin (1985) dans sa mise en relation de celles-ci avec les besoins du sujet et dans le modèle relationnel qu’il en donne, développe une conception dynamique du psychisme humain qui rejoint nos préoccupations. Mais il fait trop peu de cas de leurs rapports avec les intérêts qui apparaissent très peu en tant que tels. Le dernier ouvrage de Leontiev, déjà cité, nous servira de base pour avancer dans la réflexion sur ces notions. Tout d’abord Leontiev souligne que la condition première de toute activité est un besoin. Mais l’existence du besoin à elle seule, si elle est nécessaire pour susciter et stimuler l’activité, est incapable d’orienter concrètement cette activité ; c’est l’objectivation de ce besoin qui va donner à l’activité sa direction (son orientation) spécifique concrète. L’objet de l’activité a un double aspect de stimulation (puisqu’il satisfait un besoin) et d’orientation (puisque la satisfaction de ce besoin passe obligatoirement par l’objet dans lequel il est objectivé). C’est cet objet que Leontiev appelle motif que nous appellerons motivation et qu’il définit comme un « objet matériel ou idéal qui stimule et dirige l’activité vers lui-même ». Ensuite, il souligne que les actions sont les composantes fondamentales des différentes activités spécifiques. En effet, « n’importe quelle activité bien développée suppose l’atteinte de séries de buts concrets, dont certaines sont strictement ordonnées. En d’autres termes une activité est habituellement réalisée par un certain ensemble d’actions subordonnées à des buts particuliers ». L’objet d’une action sera son but conscient défini comme représentation mentale du résultat à atteindre ; cette définition Formation et perfectionnement 241 souligne bien la fonction d’orientation de l’action qu’assure le but ; quant à la fonction de stimulation nécessaire pour que l’action survienne et s’accomplisse elle ne peut pas trouver sa source dans l’objet de l’action puisque aucun motif aucune motivation ne s’y objective ; cette stimulation sera assurée par le motif de l’activité spécifique dans laquelle entre l’action considérée. L’activité se réalise donc sous forme d’actions orientées vers des buts. Par ailleurs, le rapport entre, d’une part, ce qui incite le sujet à agir (sa motivation ) et, d’autre part, ce vers quoi son action est orientée comme résultat immédiat : le but conscient de son action qui apparaît dans ses représentations, crée le sens que revêt pour le sujet l’activité dans laquelle il est impliqué. Au cours d’un apprentissage, un important problème psychologique est donc celui « du sens que prennent pour l’enfant les connaissances assimilées par lui... Ce que deviennent ces connaissances pour l’enfant et la façon dont il les assimile (est) déterminé par les motifs concrets qui l’incitent à apprendre ». Et Leontiev ajoute :« Cette question est habituellement assimilée à celle du rôle de l’intérêt : plus le matériel scolaire présente de l’intérêt pour l’enfant plus ce dernier...