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CHAPITRE 3 La deuxième enfance La deuxième enfance commence vers l’âge de 5-6 ans et se prolonge jusqu’aux premières manifestations pubertaires (11-12 ans). Cette période est très importante dans le développement ontogénique puisqu’elle permet entre autres de consolider l’identité et l’orientation de genre. L’importance du lien paternel Dans la toute première enfance, le père occupe une place périphérique dans la vie affective de l’enfant. À mesure que l’enfant prend conscience de son identité personnelle et de la menace de réengloutissement par sa mère, il est amené à se tourner vers son père dans l’espoir d’y trouver une force toute-puissante qui pourra le protéger et le sécuriser. Souvent, c’est à travers sa mère que l’enfant saisit ou anticipe cette toutepuissance paternelle ; il perçoit les insécurités de sa mère et son besoin de dépendance. Évidemment, il est des cas où la mère barre la route vers le père en le dévalorisant aux yeux de l’enfant ; elle peut aussi bloquer l’accès au père en menaçant subtilement d’abandonner l’enfant. Cela se rencontre surtout chez les mères de type « phallique » ou encore chez celles de type hystérique, qui sont susceptibles de transmettre à leur enfant leur propre méfiance et leur haine à l’égard des hommes. Habituellement, le père joue un rôle complémentaire à celui de la mère et possède ainsi une spécificité. Alors que le garçon tentera de s’identifier à lui et d’accaparer sa force et ses attributs virils, la fille cherchera plutôt à être désirée par lui et à le séduire. C’est à travers le lien avec le père pendant la seconde enfance que se précisera l’orientation de genre. La relation père-fils. Nous avons vu que pour surmonter son anxiété de séparation maternelle et sa crainte de refusion, le garçon a tendance à développer de l’agressivité. Un des rôles du père sera de moduler les pulsions agressives du garçon. Comme l’a montré Herzog (1982), la perte ou l’absence prolongée du père est susceptible de provoquer chez le garçon une activation des pulsions agressives (dirigées vers les autres ou retournées contre soi). Le père doit être pour le garçon un objet d’idéalisation. Cela est possible dans la mesure où le père a été préalablement valorisé par la mère. Il est difficile pour le garçon d’idéaliser son père s’il est aux yeux de sa mère plus important que ce dernier. Le garçon adoré par sa mère peut se donner l’illusion qu’il n’a pas besoin de son père. Un telle victoire « œdipienne » peut toutefois devenir pour le garçon une source d’insécurité ; dans l’espoir de prouver à sa mère qu’il est le meilleur et qu’elle a eu raison de l’idolâtrer, il pourra plus tard manifester des conduites hypermasculines et une agressivité excessive. Chez le garçon affectivement plus fragile, cette adulation par la mère pourra entraîner une ambivalence au niveau de l’orientation de genre, ambivalence derrière laquelle se dissimulera un profond désir de trouver le père idéal ; il sentira en lui une sorte de « creux de père ». Parfois, le père est à ce point déifié par le garçon que ce dernier se soumet entièrement à sa volonté et adopte à son égard une attitude de séduction. Le garçon n’essaie pas alors de s’approprier la force virile de son père ; il se féminise pour lui plaire et obtenir son amour. Plus tard, ce père sur-idéalisé pourra être recherché à travers le lien homosexuel ou encore dans la conduite masochiste1 . Le père « suffisamment bon », par analogie à la mère « suffisamment bonne » dont nous parle Winnicott (1960), est celui qui lors de la phase de protoféminité ne se pose pas comme un rival menaçant. C’est aussi celui qui, par la suite, accepte que son fils s’identifie à lui 1. Selon Reik (1953), cette recherche du père aimant serait à la base du masochisme érogène chez l’homme. On...

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