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CHAPITRE III 17. LE CŒUR DE MARIE DANS LE CŒUR ADMIRABLE Le Coeur admirable se présente de prime abord comme une somme grandiose de messages sémantiques sur le Cœur de Marie. Cependant lors des opérations de réduction auxquelles nous conduisent les procédures d'analyse, on a tôt fait de se rendre compte de l'identité des modèles taxinomique, qualificatif et fonctionnel avec ceux de la DCM. L'intérêt, au point de vue sémantique, réside donc ailleurs. Il existe dans l'expansion syntagmatique et dans la justification théorique de la rédaction des messages de la DCM ; aussi, dans un élargissement du champ du sens hors des bornes de l'univers du Cœur de Marie, comme nous aurons l'occasion de le faire voir quand nous étudierons le fonctionnement métalinguistique de la métaphore eudésienne. Cet intérêt s'étend encore à la formulation plus heureuse des énumérations qualificatives, comme on peut le voir dans les douze « tableaux » du Cœur de Marie dont nous reparlerons. L'œuvre de 1681 se présente donc comme une œuvre mûrie par la réflexion et la recherche. Surtout ce qui ne manque pas de frapper, c'est le paramètre de subjectivité qui affecte le discours eudésien même quand il fait appel aux textes d'autres auteurs. Il n'est pas rare de voir Jean Eudes ajuster à sa propre vision les textes cités. Ce faisant, il n'est que plus réconforté de trouver dans les témoignages qu'il invoque la confirmation de ses avancés personnels. 17.1. Le Coeur de Jésus et de Marie L'examen du CA nous donnera l'occasion de fournir des explications sur certains points laissés inexplorés lors de l'analyse de la DCM. Étudié dans la perspective du Cœur de Jésus, comme Jean Eudes incite à le faire, le Cœur de Marie apparaît comme un modèle récurrent conforme à celui du Cœur de Jésus. Compte tenu de la relation hypérotaxique que Marie, et non plus Jésus, entretient avec cœur, et qui modifie la portée sémémique des actants, des qualifications et des fonctions, les modèles qui, en métalangage, ont servi à décrire le Cœur de Jésus peuvent être repris à propos du Cœur de Marie. La formule stylistique, heureuse et énergique à la fois, « le Cœur de Jésus et de Marie » employée une première fois par Eudes dans le RJ (1637) et utilisée 294 LA STRUCTURE SÉMANTIQUE couramment par lui, à partir de 1641, exprime l'unité actantielle des deux cœurs et conséquemment leur commune configuration qualificative et fonctionnelle. Toutefois, comme nous l'avons maintes fois répété, pour assurer une meilleure perception du Cœur de Jésus, Eudes a choisi de le faire voir dans celui de sa Mère. D'où le titre principal de l'ouvrage publié en 1681 : le Cœur admirable de la très sacrée Mère de Dieu. Ainsi placé au premier plan de la manifestation, le Cœur de Marie apparaît comme un modèle d'inclusion au second degré ; son cœur en elle abrite un autre cœur qui est celui de son Fils. Tel est le premier grand mouvement, celui de l'inclusion mystique qui commande toute la syntagmatique du discours. Un second qui complète la visée précédente en insistant sur la réciprocité des inclusions assure le développement de la thématique de l'identité. Car, selon Eudes, la chair et le sang de Jésus sont la chair et le sang de Marie, sa mère. Or comme la description du cœur corporel lui fournit un schéma figuratif pour l'expression du mythique conceptuel, il peut ensuite affirmer que le cœur spirituel de Marie c'est celui de Jésus. De même pour son cœur divin. La saisie de ces deux principaux mouvements générateurs du discours eudésien revêt à nos yeux une importance capitale. 17.2. Le quotient d'estimabilite du Cour de Marie Les raisons qui ont déterminé le choix du sujet du livre sont analysables au niveau de l'énonciation. La présence de l'auteur à cette instance du discours inscrit dans son œuvre un...

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