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CHAPITRE PREMIER 9. ISOTOPIE ENONCIATIVE Tout le « dire » eudésien n’est pas compris dans les œuvres imprimées de notre auteur. Bien d’autres communications ont eu lieu qui ne sont pas consignées par écrit. Entretiens spirituels, conférences, explications, etc., jetteraient plus de lumière sur sa représentation personnelle de cœur ; ils n’altéreraient pas substantiellement, selon toute vraisemblance, la portée sémantique des œuvres écrites. Ce ne sera pas trahir la pensée profonde des messages eudésiens sur le cœur que d’affirmer dès maintenant, pour des raisons que l’analyse sémantique rendra évidentes, que sa dimension mythique de cœur est amplement décrite dans les œuvres maîtresses qui nous sont parvenues. La confirmation de cet avancé est fournie en premier lieu par la correspondance observée entre l’énonciation et l’énoncé du dire eudésien. 9.1. La perception eudésienne du vraisemblable Toute la manifestation discursive de la DCM n’a pas relation au contenu. Quantité de messages ont trait à l’évaluation critique faite par le scripteur de ses propres énoncés. La présence persistante de l’auteur dans son œuvre institue un niveau d’ordre appréciatif qui ne doit pas être confondu avec celui de l’énoncé proprement dit. C’est ce paramètre de subjectivité que nous allons évaluer. Ou bien il sanctionne le contenu objectif ou bien il confère aux différents éléments de ce dernier une cote de valeur dont il importe de vérifier l’exactitude. Or cette énonciation est à son tour appuyée par la présence de deux catégories proprioceptives : /Estimabilité vs non-Estimabilité/ et /Euphorie vs Dysphorie/. Liées entre elles par la présupposition réciproque, ces catégories montrent que l’auteur associe dans son univers l’estimabilité et l’euphorie, la non-estimabilité et la dysphorie. L’importance de ces catégories subjectives n’a pas besoin d’être soulignée autrement que par l’affirmation qu’elles jouent le rôle de commun dénominateur à toute la description sémantique de cœur. 9.2. Estimabilité vs non-estimabilité Le premier critère d’estimabilité pour Eudes réside dans la « supérativité ». De là son souci de démarquer pour son lecteur les oppositions inhérentes à la catégorie : /priorité vs postériorité/ (sans référence temporelle). 152 LA STRUCTURE SÉMANTIQUE Quelle vénération est due à ce Cœur sensible et corporel qui est dans la poitrine virginale de Marie, lequel a été le principe de la vie humaine et sensible de l'Enfant-Jésus. (433) Quel honneur méritent toutes les facultés de la partie supérieure et raisonnable de la Vierge (à savoir sa mémoire, son entendement, sa volonté et la plus intime partie de son esprit). (434) Quelle gloire doit-on donner à Jésus, le vrai Cœur de Jésus, et à l'EspritSaint de Jésus, qui est l'Esprit de son esprit et l'âme de son âme. (434) 9.3. Le dosage de l'estimation. Le sème /supérativité/ Au sein de ces cœurs hiérarchisés, l'auteur discerne divers degrés d'excellence . Du cœur « matériel et corporel », qui est le « premier vivant », au cœur divin, Jésus et le Saint-Esprit, les premiers principes de vie divine en Marie, les titres de noblesse ne sont pas uniformes. Le cœur corporel est reconnu par Eudes comme « la partie la plus noble du corps humain » (p. 425). Mais au niveau de la partie supérieure de l'âme qui comprend l'entendement, la volonté, la mémoire et la « pointe de l'espri t» c'est la volonté qui est présentée comme « la plus noble des puissances, la reine des autres facultés, la racine du bien et du mal » (p. 426). Le cœur divin qui est plus intime à Marie qu'elle ne l'est à ellem ême, est le cœur du cœur (p. 434) de Marie et sa plus noble partie. Il s'ensuit que, dans la DCM, même si tous les cœurs dénommés ont qualité d'excellence, ceux qui, dans la hiérarchie, occupent le « lieu » le plus intérieur, recoivent prioritairement l'estimation. D'une égale importance à nos yeux est la constatation suivante. Dans l'univers noologique de la DCM, la position la plus importante et...

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