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Il y a vingt ans, Pierre Harvey, après une étude sur les cycles régionaux et sur les écarts de taux d’activité par région émettait l’opinion que les politiques nationales de stabilisation ne pouvaient qu’avoir des effets contraires au niveau régional. Il s’agissait alors d’une hérésie face à la doctrine keynésienne de l’époque. Dix ans plus tard, Yves Rabeau démontrait dans sa thèse de doctorat non seulement la nécessité mais aussi la possibilité d’une régionalisation de la politique de stabilisation canadienne. Seuls quelques économistes du Québec reconnurent la valeur de cette contribution. D’ailleurs, le sous-ministre des Finances fédérales du temps qui avait lu cette thèse émettait le commentaire suivant : « Excellent exercice théorique ayant toutefois peu d’application en pratique. » Les travaux subséquents de Rabeau, de Salvas et Lacroix, de Raynauld, de Dudley et des autres économistes québécois sur le même sujet furent toujours au mieux ignorés par les autres économistes canadiens, au pire traités comme suspects, à saveur nationaliste sinon carrément indépendantiste. Les temps ont bien changé puisque au cours des deux dernières années, des économistes de Toronto, de Guelph, de Hamilton, d’Ottawa et d’ailleurs au Canada ont l’impression d’être les premiers à découvrir l’opportunité et la possibilité d’une stabilisation régionale au Canada et font tout pour en informer la collectivité scientifique et politique du pays. Comme on ne peut leur prêter d’intentions nationalistes et indépendantistes , il est bien évident que le caractère scientifique de leurs travaux ne peut être mis en cause. LES DISPARITÉS DE TAUX DE CHOMAGE ET LA STABILISATION RÉGIONALE AU CANADA Robert Lacroix et Yves Rabeau En ce qui nous concerne et contrairement à nos collègues du reste du Canada, parler de la stabilisation régionale au Canada, c’est un peu comme faire rejouer un disque usé. On a l’impression de se répéter. Rassurez-vous toutefois, nous avons engagé de nouveaux musiciens, utilisé un studio d’enregistrement des plus modernes et refait complètement les arrangements musicaux. Si bien que vous aurez l’impression d’entendre des explications et des propositions nouvelles. Heureusement dans certains cas cela sera vrai. Avant de passer à certains aspects techniques de la stabilisation au Canada et de proposer de nouvelles modalités de régionalisation de la politique canadienne de stabilisation, nous allons brièvement examiner le problème des disparités régionales de taux de chômage. Cette première partie pourra, au départ, sembler dépasser le cadre du thème que nous nous étions engagés à traiter. Vous constaterez à la fin que les modalités que nous proposons pour la régionalisation des politiques de stabilisation ferait de cette politique une composante majeure d’une politique plus générale d’atténuation des disparités régionales. 1. Les gouvernements et les disparités régionales Les disparités régionales au Canada ont fait l’objet de nombreuses études au cours des quinze dernières années. Si l’évaluation de ces disparités n’est plus à faire, leur explication et les politiques susceptibles d’y remédier sont loin de faire l’unanimité. En ce qui nous concerne, nous pensons que les interventions de tous genres des gouvernements tant fédéral que provinciaux ont été un facteur déterminant de création et de persistance des disparités régionnales. Par souci de brièveté, nous allons prendre comme disparité type celle du taux de chômage existant entre le Québec et l’Ontario. 66 économie du Québec et choix politiques [18.189.180.244] Project MUSE (2024-04-20 02:01 GMT) le secteur public de l’économie 67 On a constaté depuis fort longtemps que le taux de chômage était continuellement plus faible en Ontario qu’au Québec. Ainsi de 1953 à 1977, par exemple, l’écart moyen des taux de chômage entre ces deux provinces a été de quelque 2,8 %. De plus, on a aussi constaté que l’écart moyen des taux de chômage entre le Québec et l’Ontario s’élargit en période de récession. Compte tenu de la persistance des disparités de taux de chômage entre le Québec et l’Ontario, il serait bien difficile de...

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