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Le marché du travail canadien est fortement balkanisé, marqué non seulement par des taux de chômage régionaux variant du simple au double ou au triple, mais aussi par des différences frappantes en ce qui concerne la durée même du chômage. Ainsi, au Québec, la proportion de chômeurs de long terme atteint jusqu’à 50 % de l’effectif. Les distances, les barrières linguistiques, la faible densité de la population s’ajoutent aux causes traditionnelles de segmentation du marché pour expliquer cet état de choses. Comme nous le verrons plus loin, la segmentation du marché du travail va de pair avec l’existence de disparités salariales importantes où le secteur industriel, la localisation géographique, la taille des établissements l’emportent parfois sur les qualifications pour déterminer le niveau de rétribution. Pourtant, le taux de roulement de la main-d’œuvre au Canada est un des plus élevés du monde industrialisé. Sur une période de cinq ans plus de deux travailleurs sur trois quittent leur employeur. C’est dans ce contexte paradoxal où des disparités de salaires et d’emploi persistent en dépit d’une mobilité extravagante que nous analysons le marché du travail régional au Canada. Nous nous attacherons d’abord à l’étude de l’emploi ou plus particulièrement du chômage au Québec et ensuite à une esquisse des disparités de salaires au Québec et de leurs incidences sur la structure politique. ASPECTS DE L’EMPLOI ET DES SALAIRES AU CANADA ET AU QUÉBEC Gérald Marion Le chômage régional Au Québec, durant les années 1970, le taux de chômage est passé de 7,5 % à 11 %. Avant de chercher les causes du chômage dans la relation avec la demande de travail, nous précisons la relation qui existe entre le taux de chômage dans certaines régions et le taux de chômage canadien. Lorsqu’on compare le taux de chômage régional avec le taux de chômage global, on peut envisager le problème sous l’angle des mouvements cycliques ou celui de la tendance à long terme. Le Québec, par exemple, présente-t-il une situation où les variations cycliques du taux de chômage varient dans des proportions différentes de celles du taux canadien ? À priori, il n’existe pas de raisons pour que l’amplitude des variations du taux québécois soit la même que celle du taux canadien. Des structures industrielles différentes peuvent conduire à des effets sur l’emploi également différents lorsque la conjoncture globale change. D’ailleurs une même industrie peut dans le court terme subir des fluctuations cycliques variables d’une région à l’autre. Les études qui ont été faites dans ce domaine ne donnent pas de résultat définitif, quoique une certaine tendance se dégage. En Angleterre, par exemple, un pays qui a eu droit à son quota d’études régionales, les régions dont le taux de chômage est plus élevé que la moyenne, comme l’Écosse, le pays de Galles et le Nord, ont une élasticité chômage/demande de travail inférieure à l’unitél . L’étude du professeur Harvey sur le Québec semble indiquer que durant les années 1960 l’élasticité du taux de chômage québécois par rapport au taux du reste du Canada est devenue inférieure à l’unité, de supérieure qu’elle était avant cette période2 . 214 économie du Québec et choix politiques [3.141.0.61] Project MUSE (2024-04-20 16:29 GMT) l’emploi et les questions sociales 215 Quant à la tendance de long terme, elle a son importance en soi bien sûr, mais les effets peuvent en être amplifiés ou atténués suivant qu’elle est associée ou non avec les effets cycliques régionaux. La tendance à la hausse du chômage dépend de la croissance de la population, des variations du taux d’activité ainsi que de la hausse de la productivit é. Le taux de croissance de l’économie doit absorber ces hausses pour empêcher une augmentation du taux de chômage. Quoi qu’il en soit, nous avons mené nos propres épreuves statistiques pour les cinq régions économiques canadiennes, comparant l’évolution du taux de chômage régional, , par rapport à celle du taux de ch...

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