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POSTFACE Le déclin de la Révolution argentine : 1969-1973 Les événements de mai 1969 à Cordoba n’arrivèrent pas à renverser le gouvernement militaire de Buenos Aires, mais réussirent à forcer un remaniement ministériel d’envergure. La politique économique et sociale cependant demeura inchangée. Les principaux ministres furent remplacés mais le général Ongania ne jugeait pas que c’était l’orientation même du gouvernement militaire qui était la cible des révoltes. Le renouvellement des politiques anti-inflationnistes avec leurs effets regressifs sur la distribution du revenu incitèrent la reprise de l’agitation sociale, qui, cette fois-ci, s’étendit lentement à l’ensemble du pays. Le 9 juin 1970 les Forces armées déposaient le général Ongania et nommaient le général Roberte Levingston. L’administration de ce dernier adopta une série de mesures d’orientation de plus en plus nationaliste et appela des fonctionnaires, des intellectuels et des militaires au cabinet ministériel laissé vacant par les entrepreneurs de I’ACIEL. La deuxième révolte de Cordoba, le 21 mars 1971, renversa l’administration de Levingston et les Forces armées nommaient le 23, le général Alejandro Lanusse, leur commandant en chef, Président de la nation. Celui-ci promit immédiatement des élections générales sans proscriptions dans les meilleurs délais et entreprit des pourparlers avec les partis politiques, y compris le péroniste, pour redonner la légalité à la vie partisane. Lanusse forma un cabinet issu principalement de I’ACIEL et appliqua une politique économique orthodoxe mais souple et pragmatique. À cause des longues négociations avec les partis politiques et sous la contrainte de la violence sociale in crescendo, les élections de mars 1973 donnèrent la victoire au Front justicialiste de libération, qui réunissait cinquante-pour cent des voix et assuma le pouvoir en mai suivant. 1. LA DEUXIÈME PHASE DU GOUVERNEMENT ONGANIA : 1969-1970 Du 9 au 11 juin 1969, tous les ministres de la Révolution argentine démissionnèrent : le ministre de l’Économie, A. Krieger Vasena, 196 LES ENTREPRENEURS DANS LA POLITIQUE ARGENTINE ainsi que plusieurs de ses secrétaires d’État ; le ministre de l’Intérieur, G. Borda ; le ministre des Affaires étrangères, N. Costa Mendez ; le ministre du Bien-Être social, C. Bauer ; ministre de la Défense, E. Van Peborgh. La plupart des secrétaires d’État restèrent ; le renouvellement n’atteignait que les ministres dont les noms étaient les plus connus et dont la responsabilité aux yeux du gouvernement militaire était plus grande. 1.1. LA POLITIQUE ÉCONOMIQUE ET LA POSITION PATRONALE Le nouveau cabinet économique fut nommé quelques jours plus tard. Le nouveau ministre de l’Économie était José M. Dagnino Pastore, qui déclarait aussitôt nommé qu’il continuerait la politique anti-inflationniste de son prédécesseur, mais que l’impulsion à la croissance serait accentuée. Son discours de présentation ministérielle ne laisse aucun doute sur sa volonté de maintenir la ligne économique de Krieger Vasena : Au moment de prendre en charge le ministère de l’Économie et du Travail, je désire signaler que l’obtention d’un développement soutenu et adéquat est un point fondamental de la politique économique de la Révolution argentine, point qui nécessite le maintien de la lutte anti-inflationniste et la stabilité des prix [...] Le Plan des oeuvres et travaux publics, dans un cadre de priorités strictes, sera maintenu dans les niveaux prévus [...] Dans ce sens, le programme financier du secteur public restera en vigueur, ainsi que la politique fiscale dictée pour 1969 et le développement du marché des capitaux, interne et externe [...] La politique de revenus sera maintenue le reste de l’année [...] (J. M. Dagnino Pastore, Politica Economica Argentina 1969-1970, p. 5-7) Ainsi les principales orientations de la Révolution argentine furent gardées : le taux de change fut conservé constant à 350 pesos par dollar ; le mécanisme de négociation collective des salaires demeura annulé et l’État décida une augmentation forfaitaire de 3 000 pesos par travailleur et par mois à partir du 1er septembre 1969 et une augmentaiton additionnelle de 7 % du salaire de base à partir du 1er mars 1970. L’accord de prix avec les entrepreneurs fut renouvelé et le coût de la vie augmenta de 7.6 % en 1969 et de...

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