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Les interrogations et les remises en question qui secouent actuellement l’université au Québec interpellent aussi tous les autres systèmes universitaires à travers le monde. Les sociétés et les économies qui traversent ces dernières vivent de multiples changements structurels qui affectent de façon significative ainsi que sur plusieurs plans l’institution qu’est l’université. Tenter de tous les énumérer serait une opération hasardeuse tant la série est complexe. Toutefois, certains de ces changements méritent d’être signalés en raison de leur incidence vraisemblable sur l’université. Une identification sommaire nous obligerait à considérer les principaux facteurs de changement suivants : l’évolution démographique de la structure des populations ; le bond industriel provoqué par la diffusion massive des télécommunications à haute performance (Cairncross, 1997), l’expansion de l’Internet et des communautés électroniques (Tapscott, Lowy et Ticoll, 1998) ; l’invasion de la communication multimédia et de la dimension divertissement dans une gamme de plus en plus étendue des activités humaines (Wolf, 1999) ; le phénomène de la mondialisation ; les transformations radicales que connaissent d’autres institutions majeures de la société telles que la famille, celles du domaine de la santé et du monde du travail ; et surtout le développement d’une nouvelle dynamique fondée sur les savoirs. Dans une période de changements radicaux comme celle que nous vivons, un certain nombre de suppositions et de principes de fonctionnement sur lesquels sont basées les institutions clés de nos sociétés sont remis en cause et se reconstruisent selon de nouvelles finalités et de 254 L’État québécois et les universités nouvelles rationalités opératoires. C’est ainsi que progressivement émerge un nouveau paradigme organisationnel qui bouleversera les schémas mentaux et interprétatifs des agents de chacune des institutions clés de la société (Rosell et al., 1995). Le monde de l’enseignement supérieur est interpellé au même titre que celui des systèmes nationaux de soins de santé. C’est présentement le cas de l’université et des systèmes d’établissements universitaires qui incarnent cette institution dans nos sociétés. Il est certain que l’université a déjà connu des transformations organisationnelles significatives par le passé. Il suffit de se rappeler les chambardements provoqués par la massification de l’enseignement supérieur au cours des années 1960 à travers le monde pour saisir l’envergure du niveau de changement que peut absorber l’université. Le cas de la transformation du système universitaire du Québec est d’ailleurs exemplaire à ce sujet. La situation actuelle est plus délicate et plus difficile à saisir par contre que celle qui a eu cours lors de la modernisation des sociétés dans la période qui a suivi la Deuxième Guerre mondiale. À cette époque, la poussée de démocratisation qui s’est répandue à travers les institutions des sociétés développées était bien identifiable et était mise de l’avant par un discours émancipatoire articulé par des agents sociaux porteurs de propositions de changement clairement établies. Les capacités financières des États connaissaient une expansion et la donne économique était relativement stable. Dans la perspective où nous prenons acte du mouvement de changements majeurs qui affectent et transforment la société actuellement, il nous faut réfléchir et examiner en quoi ces changements viendront modifier les stratégies de développement, voire l’évolution en profondeur de la mission des universités. Il est certain que de tous ces facteurs le plus susceptible d’induire une transformation des systèmes universitaires est sans conteste l’émergence d’une nouvelle période économique fondée sur la connaissance. Cette nouvelle formation économique est susceptible de modifier substantiellement la place des établissements universitaires dans les processus de production-reproduction des connaissances et des compétences dans la société. La logique du développement de cette nouvelle économie nous oblige à nous demander si les stratégies ainsi que les modes organisationnels et d’opération mis en œuvre par les universités sont congruents avec les nouveaux besoins de la société. Il importe, par conséquent, de s’interroger sur les défis et sur les opportunités auxquels font face les universités dans le contexte du développement d’une économie fondée sur la connaissance et les savoirs...

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