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Introduction générale Communications et territoires : des rapports dialectiques Gaëtan Tremblay et Main Lefebvre En 1997, le film Titanic, qui commémore le destin funeste au début du xxe siècle d’un paquebot prétendument insubmersible, remporte un vif succès et bat tous les records au box office. Le Titanic était plus qu’un gros bateau de luxe. Il symbolisait, comme chacun sait, la victoire définitive de la technologie humaine sur les forces de la nature. Finis les aléas d’un voyage long et périlleux sur les vastes océans. Dorénavant, les transports sur mer seraient sûrs, rapides et confortables. Tout le monde connaît l’histoire du Titanic et la terrible leçon de sa courte et pitoyable aventure. Si les foules se sont déplacées, ce n’était pas pour le suspense ; le scénario était entièrement prévisible. On se plaît à imaginer que des millions de spectateurs, aux quatre coins de la planète, ont pris le temps de méditer, en cette fin de siècle, sur la vanité de la science et de la technologie, avec, en contrepoint, un autre thème tout aussi digne de réflexion morale et philosophique, celui que suggère une belle histoire d’amour qui transcende les barrières sociales et les interdits culturels ! Quelle profonde sagesse pour aborder le troisième millénaire ! Tout cela n’est bien sûr que pure interprétation, que ne viennent corroborer les résultats d’aucune enquête objective. Ce sont peut-être de tout autres raisons qui ont fait courir les foules. Après tout, malgré la fin tragique du Titanic, davantage attribuable à des erreurs humaines 2 Autoroutes de l’information et dynamiques territoriales qu’à des défaillances techniques, l’histoire des transports au xxe siècle relève plus du success story que de l’échec. Des trains à haute vitesse jusqu’aux navettes spatiales en passant par les avions civils et militaires, toute une série d’innovations rendent les déplacements de nos contemporains beaucoup plus faciles, rapides et sécuritaires qu’avant la Première Guerre mondiale. On pourrait même imaginer que ce qui a surtout attiré les foules, dans le film Titanic, c’est la démonstration d’une autre prouesse technique, celle de la reconstitution cinématographique de la catastrophe, en grandeur nature et en temps réel. Qui n’a pas entendu les commentaires élogieux des spectateurs à ce sujet ? De ce point de vue, le Titanic, ce n’est plus un naufrage, c’est un exploit technique. Ce n’est pas tant le rappel d’un échec de la technologie des transports que la célébration du triomphe des technologies électroniques de l’image et du son. Le succès de Titanic, c’est aussi la dernière illustration des progrès de l’industrialisation et de la mondialisation de la culture dans le monde contemporain. La production du film a exigé un budget colossal et le tournage a nécessité la mobilisation de moyens techniques considérables. Mais les recettes ont été à la hauteur des espérances et de l’ampleur de la campagne publicitaire. Le Titanic est un prototype réussi de la culture monde ou de la culture« globale ». Il a été produit par Hollywood avec le concours d’un réalisateur canadien de Toronto, Cameron. La chanson thème est interprétée par la chanteuse internationale d’origine québécoise, Céline Dion. Les personnages sont britanniques, français, américains, etc. Et le film est distribué et vu sur la planète entière. L’année 1997 s’est achevée avec le triomphe du film Titanic au cinéma. Au début de l’année 1998, la télévision, elle, a largement fait écho aux nouveaux exploits de la communication par satellite. Le GPS, un système de positionnement global par satellite, rend, paraît-il, impensable la répétition du drame qu’a connu le luxueux paquebot. Grâce aux satellites et aux ordinateurs, les bateaux sont aujourd’hui continuellement informés, avec reproduction graphique à l’appui, de leur position et de celle des icebergs qu’ils risquent de croiser. Autre performance étonnante, le GPS permettrait même de contrôler la circulation et la vitesse des vaporetti et autres embarcations à Venise. Des expériences tout à fait sérieuses sont en cours. Le temps n’est...

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