Observer les oiseaux au Québec, 2e édition

Chapitre 5. Comment reconnaître les oiseaux

5. COMMENT RECONNAÎTRE LES OISEAUX Qu’elle se limite à la simple observation des oiseaux rencontr és, à la détermination de leur abondance et de leur distribution dans une région, à la participation à des activités de recherche ou à l’entretien d’un poste d’alimentation, l’étude des oiseaux passe nécessairement par une première étape, celle de l’identification des espèces observées. Cette activité, qui peut constituer un défi en soi, est le résultat de processus qui ne peuvent être maîtrisés qu’à la suite d’une certaine expérience. L’IDENTIFICATION VISUELLE Plus d’un débutant est stupéfait de la rapidité avec laquelle un ornithologue chevronné identifie un oiseau. II n’y a là ni recette magique ni habileté particulière. L’explication tient à ce que l’ornithologue d’expérience n’identifie pas les oiseaux selon le même processus que le débutant. Lors de ses premières rencontres avec les oiseaux, ce dernier est porté naturellement à les examiner pour tenter de noter les différentes couleurs de son plumage ; il s’aperçoit souvent que l’oiseau ne reste pas suffisamment longtemps sous observation 59 OBSERVER LES OISEAUX AU QUÉBEC pour lui permettre d’en tracer le portrait complet, ce qui l’empêche d’en trouver l’identité. Par contre, quand un ornithologue chevronné aperçoit un oiseau qui s’envole du sol d’une forêt sombre pour se poser sur une branche, déjà sa taille, sa silhouette et son comportement lui permettent de conclure qu’il s’agit d’une grive ; et avant même d’avoir braqué sa jumelle sur l’oiseau qui vient de se poser, il sait déjà quelle caractéristique du plumage il lui faut observer pour déterminer l’espèce à laquelle il appartient. Cette dernière étape du processus peut prendre moins d’une seconde. Chacun d’entre nous peut reconnaître une personne qui lui est très familière à grande distance dans une foule. Même si on ne voit pas la forme de ses traits ni la couleur de ses yeux et de ses cheveux, on l’identifie avec certitude par un détail subtil de sa démarche ou par sa silhouette. Il en va de même pour les oiseaux. Le débutant devra donc se familiariser le plus rapidement possible avec les caractéristiques de taille, de silhouette et de comportement des oiseaux, à mesure qu’il apprend — non sans difficulté — à les reconnaître par leur coloris. La taille Une juste appréciation de la taille d’un oiseau aide à cerner son identité. Mais pour ce faire il ne faut pas tenter de l’évaluer en centimètres. II est beaucoup plus facile de comparer la taille d’un oiseau à celle des espèces que l’on rencontre tous les jours : mésange, moineau, étourneau, merle, pigeon, corneille. Savoir qu’un oiseau est un peu plus petit qu’un merle est beaucoup plus révélateur qu’une évaluation en centim ètres. Les observations répétées d’une même espèce permettront de mesurer visuellement sa taille, et cela à des distances variables. Il faut cependant se méfier de notre perception des tailles lorsque l’on manque de points de compa60 COMMENT RECONNAÎTRE LES OISEAUX La Chouette rayée fréquente souvent les forêts décidues. Ses yeux noirs la caractérisent car chez les autres Hiboux, ils sont faunes ou oranges. 61 OBSERVER LES OISEAUX AU QUÉBEC raison (oiseau en vol ou sur l’eau), et l’utilisation de lunettes d’approche peut fausser encore plus cette perception. Les oiseaux d’une même espèce ne sont pas tous exactement de la même taille, les mâles étant souvent plus gros que les femelles (sauf chez les oiseaux de proie et la plupart des oiseaux de rivage). Mais, en valeur absolue, ces différences sont minimes, quelques millimètres seulement chez les espèces de moyenne et petite tailles. Ainsi les individus d’une espèce paraissent être de la même grosseur quand ils sont vus en groupe. Quand dans ce groupe un oiseau paraît nettement plus petit ou plus gros, il y a de très fortes chances qu’il appartienne à une espèce différente ; l’observation de caractères additionnels viendra le confirmer...