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CHAPITRE IX LA DÉPOLLUTION CHROMÉE Avant 1976, le Québec avait commencé certains travaux d’assainissement des eaux municipales centrés sur les trois communautés urbaines, soit Montréal, Québec et l’Outaouais. Face à la dégradation rapide de la qualité des cours d’eau, il fallait agir, en effet, et c’est en utilisant le levier des municipalités — c’est-à-dire en forçant celles-ci à traiter leurs eaux usées — que le gouvernement provincial avait décidé de le faire. À vrai dire, ce choix venait déjà bien tard, au milieu des années 70, alors que, dix ans plus tôt, le gouvernement fédéral avait proposé sa manne de prêts et de subventions pour l’assainissement des eaux municipales. Et que le Québec, contrairement à l’Ontario, n’avait pas su ou n’avait pas pu en profiter. Du moins avait-on engagé près de 700 millions de dollars avant 1976 dans des travaux d’assainissement des eaux municipales de ces trois communautés urbaines. Principalement il s’agissait, comme toujours en pareil cas, de deux types de travaux : d’un côté, la construction ou la réfection d’un réseau d’égouts collecteurs des eaux usées, qu’on appelle des intercepteurs (c’est-à-dire, de gros tuyaux dont le diamètre varie de 75 centimètres à 6 mètres) et, d’autre part, la construction ou la réfection 182 UN PARADIS DE LA POLLUTION (généralement, c’est la construction pure et simple, puisqu’il n’existe pas d’installations préalables) de systèmes de traitement et de rejet des eaux usées, c’est-à-dire de stations de pompage, bassins de décantation, postes de pré-traitement et de chloration. Dans le cas du bassin couvert par le territoire de la Communauté urbaine de Montréal, on était scandaleusement en retard par rapport à l’assainissement des eaux réalisé dans presque toutes les grandes villes de l’Amérique du Nord. En effet, seules sept très petites usines d’épuration, (situées à Beaconsfield, Kirkland, Pierrefonds, sur le site de l’Expo ainsi que dans le quartier de Saraguay) traitaient... trois pour cent des eaux d’égout du territoire de la C.U.M. En comparaison, le pourcentage des eaux usées traitées dans 50 agglomérations de plus d’un million d’habitants aux États-Unis et au Canada était, en 1978, selon une étude américaine, de 60 à 95 pour cent selon les régions. Le scandale des eaux de la C.U.M. durait d’ailleurs depuis plus de 40 ans : c’est en effet en 1930 qu’une ordonnance provinciale enjoignait la ville de Montréal, agrandie après annexion de quelques villes de banlieue, de construire un réseau d’intercepteurs et une usine d’épuration. L’intercepteur nord fut achevé en 1955 et l’usine d’épuration, prévue à Rivière-desPrairies en 1961, ne fut jamais construite. C’est elle dont on espère la mise en service complète d’ici 1985, pour une facture d’environ 700 millions de dollars. Entre-temps, l’estimation des coûts a grimpé à 1,5 milliard de dollars pour l’ensemble des travaux d’interception et de traitement à la C.U.M. À cette date, ce sont les contribuables québécois qui auront payé cette facture et subi le poids de ce retard scandaleux, puisque le nouveau programme gouvernemental prévoit que l’État défraie 90 pour cent des coûts de construction de tels ouvrages. Le grand bond Toujours est-il que l’assainissement des eaux usées municipales était engagé en 1976 dans les trois bassins qui [3.133.12.172] Project MUSE (2024-04-25 05:08 GMT) LA DÉPOLLUTION CHROMÉE 183 abritent à eux seuls près de 70 pour cent de la population du Québec. En août 1978, le ministre péquiste Marcel Léger annonçait la première contribution de son gouvernement afin d’aider les municipalités à assainir leurs cours d’eau. On visait 28 villes et l’aide annoncée était de 214 millions de dollars. La réaction à cette annonce fut, de la part des milieux concernés, plutôt froide et discrète. Malgré ses promesses d’une réforme majeure dans la gestion de l’eau, le ministre Léger ne semblait pas prêt à « livrer la marchandise...

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