In lieu of an abstract, here is a brief excerpt of the content:

6. Économie DES « HYDRO-DOLLARS » PLEIN LES POCHES par Gilles Provost Maintenant que l’or noir ne coule plus tout à fait comme de l’eau, le coût de l’électricité, produite en majeure partie avec du pétrole, grimpe en flèche partout dans le monde. C’est pourquoi il devient de plus en plus impérieux de la fabriquer autrement qu’avec des combustibles fossiles. Les sources d’énergie non conventionnelles, il faut pourtant en convenir, ne semblent pas représenter des alternatives à court terme. Restent donc deux possibilités : l’hydro- électrique (quand on a de l’eau et des sous) et le thermonucléaire (quand on a des sous). Comme les autres pays riches, le Québec a les sous ou les moyens d’en trouver. Mais seul parmi le club des nantis, il a aussi l’eau. Et donc le choix. 129 FACE AU NUCLÉAIRE Parmi tous les pays du monde qui sont confrontés au choix nucléaire, le Québec occupe une place tout à fait exceptionnelle. Nulle part ailleurs la question ne peut être posée dans les mêmes termes qu’ici. Très rares sont les pays industrialisés qui peuvent même se payer encore le luxe de s’interroger sérieusement. S’ils veulent encore de l’électricité, la plupart d’entre eux semblent acculés au choix nucléaire, si fortes que soient les protestations des opposants. Le Québec, lui, peut encore se permettre d’hésiter, de peser le pour et le contre, d’examiner l’alternative froidement, sans être pris à la gorge par la perspective d’une pénurie imminente. Encore plus rares sont les pays qui pourraient se permettre un effort massif de développement électrique, au point par exemple de satisfaire à la quasi-totalité de leurs besoins en énergie (autres que le transport) par le tout-à-l’électricité : quand on s’arrache déjà les cheveux pour satisfaire à la demande présente d’énergie électrique, on ne fait pas par surcroît de grands projets d’expansion ! Là encore, le Québec fait exception à la règle puisqu’il caresse sérieusement cette utopie du tout-à-l’électricité avant la fin de l’an 2000 ; il est peut-être le seul État au monde qui aura les moyens de la réaliser (ou presque), avec ou sans le nucléaire. Par contre, ceux qui voient dans l’énergie nucléaire un moyen éventuel de contrecarrer les effets désastreux de la crise de l’énergie oublient souvent que l’énergie atomique n’est guère utilisable que sous forme d’électricité. Sauf à très long terme, on voit mal comment le nucléaire pourrait jouer un rôle important dans le domaine du transport ou directement chez le consommateur : l’automobile ou le grille-pain nucléaire ne présentent pas encore grand intérêt ! À moins que les centrales de chauffage urbain à l’énergie nucléaire ne deviennent la grande mode de demain, l’atome ne pourra pas jouer un rôle plus important que celui déjà dévolu à l’électricité elle-même. 130 [3.145.191.169] Project MUSE (2024-04-19 20:33 GMT) DES « HYDRO-DOLLARS » PLEIN LES POCHES Dans un premier temps, nous porterons donc notre attention sur l’électricité pour trouver le meilleur moyen de la produire dans le contexte nouveau créé par la hausse rapide des prix du pétrole, du gaz naturel et du charbon. Dans un deuxième temps, nous tiendrons compte du fait que l’électricité représente à peine dix pour cent de toute l’énergie vendue et achetée sur terre à l’heure actuelle. Elle représente donc un élément mineur de la crise de l’énergie. Comparant la demande énergétique avec les ressources disponibles, nous essaierons de voir s’il ne serait pas possible d’accroître sa part du bilan énergétique et de lui faire jouer un rôle de suppléance à l’égard des autres formes d’énergie. Où prendre l’électricité ? L’électricité présente de tels avantages qu’il est très difficile de voir comment un État industriel pourrait fonctionner sans elle. C’est d’ailleurs pourquoi on la décrit comme l’énergie moderne par excellence : propre et respectueuse de l’environnement (au niveau de l’utilisateur tout au moins), flexible et simple d’emploi, l’électricité se contente d’un système de distribution sans pièces mobiles...

Share