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Introduction Depuis quatre ou cinq ans, la montée de l’entrepreneurship et, de façon générale, la performance de l’économie québécoise, ont été projetées à l’avant-scène de l’actualité, non seulement ici, mais ailleurs au Canada. Jamais, au Québec, le monde des affaires n’a eu une cote de confiance aussi élevée auprès de la population. Les publications de toutes sortes étudiant le « phénomène » de l’entrepreneurship québécois ou décrivant le succès d’entreprises se sont multipliées. Plusieurs présidents de corporation sont devenus de véritables vedettes. La section des pages économiques des quotidiens s’épaissit tandis que les revues et les journaux spécialisés traitant d’économie, de management et de finances connaissent un succès sans précédent. Pour certains milieux nationalistes, l’économie est devenue l’instrument de libération par excellence, après l’échec référendaire de 1980 et le rapatriement unilatéral de la constitution, en 1981. Jamais le slogan « Maître chez nous », de la Révolution tranquille, n’a eu autant de sens que durant les années 1980. Le Régime d’épargne-actions (RÉA) a symbolisé plus que tout cet intérêt nouveau pour les affaires. L’intérêt pour cet abri fiscal, instrument aussi de financement des PME, fut tel auprès d’une partie de la population que plusieurs ont qualifié la génération du baby boom de génération du RÉA. 2 Introduction Pourtant les années 1980 avaient bien mal commencé pour les Québécois, avec la pire crise économique depuis celle des années 1930. Pouvait-on seulement imaginer, au sortir de cette crise, en 1983, qu’en moyenne, la croissance économique du Québec, pour les six années qui allaient suivre, dépasserait celle de l’ensemble du Canada et pourrait même se comparer à celle du Japon ? Au cours des vingt années qui avaient précédé, le Québec n’avait même pas atteint la moitié du rythme de croissance de l’économie japonaise. Les investissements, et en particulier les investissements privés, ont retrouvé une vigueur comparable à celle des années 1970, augmentant plus rapidement que la production intérieure brute (PIB) et plus rapidement aussi que les investissements de l’ensemble du Canada. La productivité de l’économie a atteint des niveaux qui se comparent à ceux atteints dans les années 1960. L’emploi a augmenté à un rythme rapide. Malgré une persistance de certaines disparités, plusieurs régions du Québec ont connu une baisse importante du chômage. Finalement, à intervalles réguliers, les succès d’entreprises contrôlées par des francophones, y compris dans des secteurs de la haute technologie, ont donné des raisons aux Québécois d’être fiers et optimistes. Le déficit du gouvernement fédéral est certes toujours hors de contrôle, et ce n’est que par des hausses successives d’impôts et de taxes qu’il a été maintenu à la limite de l’acceptable. Même si rien n’est acquis, en particulier en période de ralentissement économique, le gouvernement du Québec a réussi, jusqu’à maintenant, à réduire son propre déficit de façon appréciable, grâce à une gestion beaucoup plus serrée des finances publiques. Les années 1980 ont été marquées aussi par l’amélioration, presqu ’inespérée, des relations de travail dans le secteur privé. Signe des temps, la FTQ a mis sur pied un fonds de capital de risque qui est en train de devenir un des plus gros au Québec. Le discours traditionnel des dirigeants syndicaux marqué par l’affrontement s’est graduellement transformé en discours de collaboration. De toute évidence, en ce début des années 1990, le Québec est très différent de ce qu’il était dix ans auparavant. Son économie a subi des transformations importantes et le leadership économique du monde des affaires s’est transformé. Cependant, face aux changements qui s’annoncent pour la nouvelle décennie, dont l’évolution rapide des technologies, la montée de la concurrence internationale, l’ouverture des économies et l’inévitable interdépendance des nations qui en résulte, la libéralisation des échanges entre le Canada et les États-Unis et l’intégration...

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