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Le Québec ne peut se permettre de laisser tomber sa métropole Accusée à un moment donné d’accaparer une trop grande part de la croissance économique du Québec au détriment des régions périphériques, la région de Montréal, et particulièrement l’Île et la ville de Montréal, ont plutôt perdu du terrain, au cours des dernières années, par rapport à la plupart de celles-ci. Pour analyser les causes et les conséquences de ce déclin de Montréal, il faut d’abord comprendre le rôle que joue la région de Montréal au Québec et, plus globalement, en Amérique du Nord. Il existe en économie une théorie de l’aménagement spatial de l’activité économique, qui s’appelle la théorie des pôles de croissance et des pôles de développement1 . Cette théorie part de la constatation que l’activité économique est, sur un territoire donné, concentrée dans l’espace. Un pôle de croissance est une ville où on retrouve des activités de croissance, soit des industries et des entreprises dynamiques œuvrant dans des secteurs en croissance ou à maturité. Ces activi1 . Pour une explication claire de cette théorie et son application à Montréal, voir : P. FRÉCHETTE et J. P. VÉZINA, op. cit., chapitre 6. Chapitre 13 Le relèvement économique de Montréal I 200 Chapitre 13 tés entraînent une augmentation des investissements, du revenu et de la population. Autour du pôle de croissance se développe généralement la région. Les petits pôles économiques et les pôles de croissance sont habituellement en relation d’interdépendance avec un pôle de taille supérieure et dont la nature est fondamentalement différente : le pôle de développement. On l’appelle ainsi parce qu’il est caractérisé par la présence d’entreprises innovatrices et motrices qui ont des effets d’entraînement et de polarisation sur le reste de l’économie2 . Disons tout de suite « qu’un pôle de croissance ou de développement existe ou n’existe pas », dans le sens où s’il existe des moyens pour le renforcer, il n’y pas véritablement de moyens infaillibles pour le créer. La principale caractéristique d’un pôle de développement est sa capacité à innover, pour donner naissance à des industries motrices, et à créer des conditions qui favoriseront des économies d’échelle pour les entreprises. Le secteur tertiaire moteur y est très développé, ce qui le rendra attrayant pour les entreprises. De même, il fournit des infrastructures publiques (réseau de transport, électricité, eau, gaz, etc.), des institutions d’enseignement de haut niveau et une main-d’œuvre qualifiée et en nombre suffisant. En contrepartie, les pôles de développement conduisent à certaines déséconomies externes, tels les coûts plus élevés de l’habitation et de la main-d’œuvre, la pollution, la congestion. De plus en plus ces effets externes négatifs ont de l’importance dans la localisation des entreprises, ce qui n’était pas le cas voilà plusieurs années. Le Québec n’a qu’un seul pôle de développement, Montréal. Mais ce pôle de développement est aussi le noyau de la plus grande région du Québec et, en ce sens, doit aussi avoir ses propres activités de croissance. Malgré les dangers de polarisation de l’activité économique, le pôle de développement ne sera définitivement pas en concurrence avec les pôles de croissance qui gravitent autour de lui. C’est plutôt avec les autres pôles de développement qu’il devra se frotter. Aussi, il y a de fortes chances pour que le développement de l’ensemble du Québec ne puisse, à long terme, persister sans s’appuyer sur un pôle de développement fort, c’est-à-dire sans que Montréal soit en bonne santé au plan économique. 2. P. FRÉCHETTE et J. P. VÉZINA, op. cit., p. 199. [3.145.23.123] Project MUSE (2024-04-24 04:54 GMT) Le relèvement économique de Montréal 201 II Le déclin de Montréal Le déclin de Montréal ne date pas d’aujourd’hui. En fait, c’est surtout à partir du milieu...

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