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Les défis économiques que le Québec doit relever sont nombreux et ses moyens, comparativement aux géants que sont les États-Unis, le Japon, la France et les autres grandes puissances industrielles, sont modestes. Mais il y a plusieurs petits pays, dont la Suède, la Suisse, l’Australie, les Pays-Bas, le Danemark et la Norvège, qui ont réussi à se tailler une place sur le plan international avec, somme toute, un potentiel pas plus grand que le sien. La clef de leur réussite est d’avoir justement su exploiter à fond tous leurs avantages et au besoin d’en créer. Le potentiel d’un pays, d’une nation ou d’une économie demeure quelque chose en devenir tant qu’il n’est pas exploité. Par exemple, au début des années 1960, les États-Unis étaient sans doute le pays avec le plus grand potentiel de développement. Pourtant, pendant les vingt années qui ont suivi, sa croissance a été moins forte que la moyenne des pays de l’OCDE. Chapitre 7 Vers une économie d’investissements I 120 Chapitre 7 II Des avantages comparatifs aux avantages compétitifs1 Historiquement, le potentiel de développement et de croissance d’un pays se mesurait par l’ampleur de ses ressources naturelles, y compris l’agriculture. Par la suite, il s’est mesuré par la disponibilité des ressources énergétiques et des capitaux. La montée récente de quelques pays dépourvus de ressources naturelles et de ressources énergétiques et l’échec de certains autres, dont l’Argentine et le Brésil, qui en étaient pourvus, ont entraîné une remise en question du vieux cadre d’analyse des capacités concurrentielles d’une nation. Depuis plusieurs décennies, les succès économiques des entreprises et des nations ont été expliqués par la théorie des avantages comparatifs selon laquelle la richesse d’un pays est très étroitement liée à la quantité et au coût des facteurs de production. Dans les industries associées aux ressources, ce lien demeure effectivement important pour expliquer la performance des entreprises ou leur présence dans un pays plutôt que dans un autre. Mais, pour expliquer la performance de l’ensemble d’une économie, le succès de certains pays et les échecs d’autres ou la force d’une industrie dans un pays plutôt que dans un autre, cette théorie est de moins en moins valable. La plupart des pays ayant connu des niveaux de croissance économique élevés au cours des dernières années ne sont d’ailleurs pas particulièrement bien dotés en ressources naturelles. Comme l’illustre le tableau 5., la répartition des grandes entreprises entre les pays, qui est un indicateur de leur succès commercial international, ne suit pas la logique des bas salaires ou de la disponibilité des ressources naturelles. Par exemple, le fait que 11 des 500 plus grandes entreprises industrielles soient localisées en Corée du Sud ne peut s’expliquer uniquement par le niveau des salaires dans ce pays de 45 millions d’habitants. D’autres pays, avec des salaires moins élevés n’ont pas connu un tel succès. La Suisse, dont la population est comparable à celle du Québec, sans ressources naturelles, avec des travailleurs bien payés, compte 10 des 500 plus grosses entreprises industrielles au monde dans des domaines aussi diversifiés que les produits alimentaires, les matériaux 1. La théorie des avantages compétitifs a été élaborée par M. E. PORTER, The Compétitive Advantage of Nations, New York, The Free Press, Macmillan, Inc., 1990. [13.59.130.130] Project MUSE (2024-04-25 11:31 GMT) Source : « The Global 500 », Fortune, 30 juillet 1990. de construction, les produits pharmaceutiques, les équipements industriels, l’aérospatial et l’aluminium. On retrouve en Suède, pays de 8,5 millions d’habitants, auquel on compare souvent le Québec, 15 des 500 plus grandes entreprises industrielles au monde. Les grandes entreprises suédoises sont elles aussi présentes dans des domaines très variés : les produits chimiques, l’électronique, les produits forestiers, les produits métalliques, l’automobile et les produits de beauté. Pourtant, les salaires en Suède sont très élevés, les programmes sociaux développés et les syndicats très forts. Vers une économie d’investissements 121 TABLEAU 5. Répartition des...

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